[...] ... - "Alors, vous pensez que ça ne manquera pas de se faire, ce mariage dégoûtant, contre nature, avec cette imbécile folle ?"
Mizintchikov me scruta du regard.
- "Les crapules !" m'écriai-je avec fougue.
- Remarquez, leur idée est assez fondée : ils affirment qu'il doit faire quelque chose pour sa famille.
- Parce qu'il n'en a pas assez fait !" m'écriai-je, indigné. "Et vous, vous pouvez dire que c'est une idée solide - épouser une imbécile vulgaire !
- Bien sûr, je suis d'accord avec vous, c'est une imbécile ... Hum ! C'est bien que vous aimiez tellement votre oncle ; je compatis ... même si, avec son argent à elle, lui, son domaine, on peut se l'arrondir drôlement ! Remarquez, ils ont aussi d'autres raisons : ils ont peur que Iégor Ilitch n'aille épouser cette gouvernante ... vous vous souvenez, la jeune fille, là, bien intéressante ?
- Mais ... est-ce que c'est vraisemblable, ?" demandai-je, très ému. "Je pense que c'est une calomnie. Dites-moi, au nom du Ciel, ça m'intéresse au plus haut point ...
- Oh ! il est amoureux fou ! Seulement, bien sûr, il le cache.
- Il le cache ! Vous pensez qu'il le cache ? Bon, mais elle ? Elle, elle l'aime ?
- Elle aussi, c'est très possible. Remarquez, elle, elle ne peut qu'y gagner, à ce mariage : elle est très pauvre.
- Mais quels faits avez-vous pour confirmer votre hypothèse, qu'ils sont amoureux l''un de l'autre ?
- On ne peut pas ne pas le remarquer ; de plus, je crois qu'ils ont des rendez-vous secrets. On affirme qu'ils entretenaient une liaison illicite. Seulement, je vous en prie, n'en parlez pas. Je vous le dis sous le sceau du secret.
- Peut-on y croire ?" m'écriai-je. "Et vous, et vous, vous m'avouez que vous y croyez ?
- Bien sûr, je n'y crois pas entièrement, je n'y étais pas. Remarquez, c'est très possible. [...]