AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de Charybde2


Je suis convoyeur de chevaux : je voyage avec des chevaux dans les soutes d’avions de marchandises. Une sorte de steward équin, ou de livreur, soigneur de bêtes à dix mille mètres d’altitude. Les avions, la vitesse et les réacteurs, mais les oreilles qui se pointent quand on s’approche au fond des carlingues, les sabots qui grattent le sol de fer et d’air, le bruit des mâchoires, le poil qui colle à la main et dit la peur, les naseaux, les yeux inquiets ou joueurs, les crins. Le ciel et les nuages, mais du foin et de l’eau.
Métier aussi de l’étrangeté des kilomètres avalés, lundi Amsterdam, mardi Tokyo, mercredi Abu Dhabi. Métier du monde par sauts de puces. Puces volantes, envolées. Soigneur de bêtes volantes. Métier de tarmacs et de tampons sur les passeports, de frontières passées, de langues mélangées. Heures d’aéroports, d’avions, de soutes d’avions. Et, au bout des heures de vol, la pincée, le tout petit, l’instant, ce qui est vu par la fenêtre, d’un jour ou de quelques heures avant de rentrer, l’image volée d’une ville, d’un pays ou d’un continent : ramener dans ses yeux une ville d’immeubles au milieu des montagnes ou une autre toute de verre, une terre rouge, un casque de faucon ou un homme fuyant dans un bus, un air bon, un autre si chaud, quelques chèvres ou une vache, une nuit, la lumière de minarets, une étendue d’Argentine. Une image ici, une autre là. Métier de notes éparses, de petites impressions, du monde picoré.
Commenter  J’apprécie          00









{* *}