Au-dessus de mon lit, la reproduction d’un poème de Paul Fort, glissée sous une plaque de verre. Imprimé sur papier fait à la main, au moulin Richard de Bas à Ambert d’Auvergne. Enfant, je m’étais promis qu’un jour dont une feuille était miraculeusement arrivée jusque chez nous. «Le bonheur est dans le pré, cours-y vite, cours-y vite »… Chaque vers était écrit de plus en plus gros, jusqu’au dernier, « IL A FILÉ », qui éclaboussait la feuille comme pour se moquer du lecteur trop lent à qui le bonheur venait d’échapper. Une délicate attention de mon père, qui lui aussi avait filé. Définitivement, et pour un autre monde, quinze ans auparavant.