Francois Pupponi

François Pupponi tente dans son dernier livre de se réconcilier avec « ses compatriotes musulmans » après les avoir placés sur la potence dans son pénultième ouvrage (« Les Emirats de la République - 2020)



Je reste toujours cloué à mon étonnement lorsqu'un politicien usant de références sociologiques (Emile Durkheim et autres) pour donner une légitimité scientifique à ses propos, donneur de leçon et d'une probité douteuse, croyant parler à tous les musulmans, ne s'adresse en réalité qu'à quelques uns. Car, dans son immense diversité, les « Français musulmans » lui sont majoritairement étrangers.



Une lancinante hypocrisie se fait sentir tout au long du livre dont le titre annonce le contraire de son contenu: derrière cette pseudo main tendue fraternisante se cache le fouet d'un réactionnaire opportuniste assoiffé de pouvoir.

François Pupponi a été maire de Sarcelles de 1997 à 2017, puis député du Val d’Oise depuis 2007. La banlieue, il connaît. Et il est bien placé pour observer la progression de l’islamisme militant dans les communes périphériques d’Ile-de-France. De son expérience, il a tiré un livre courageux et percutant qui constitue une mise en garde à l’intention de tous nos compatriotes.

Sarcelles est une ville dont la population est issue de plusieurs dizaines de nationalités différentes. À partir de la deuxième moitié des années cinquante, la ville nouvelle a vu affluer des Egyptiens expatriés, des rapatriés d'Algérie, des Antillais, des Sri-Lankais, des Turcs chaldéens, des Maghrébins, des Africains… À propos des grands ensembles, Pupponi remet d’ailleurs les pendules à l’heure en expliquant qu’ils ont permis aux familles de mal-logés qui s’y installaient de passer du 18e au 20e siècle : depuis les bidonvilles et les fermes au sol en terre battue jusqu’à l’eau courante, l’électricité et les salles de bains.

À partir des années 70 et 80, on assiste à une paupérisation croissante de la ville : les nouvelles vagues d’immigration, liées notamment au regroupement familial, font fuir les classes moyennes. Phénomène aggravé par la politique des bailleurs sociaux, notamment de la Caisse des Dépôts au travers des primes à l’amélioration des logements réservés aux appartements conventionnés et des regroupements de locataires sur critères ethniques.

Sarcelles a été le lieu d’une manifestation « pro-palestinienne » traumatisante en 2014, au cours de laquelle on a entendu des cris de « mort aux juifs ». À partir de 2015, les islamistes ont cherché à dicter leur loi dans les mosquées, les associations et les bureaux de vote. Pupponi démonte les méthodes utilisées par les militants radicaux pour tenter de s’imposer face aux élus et au sein de la population : entrisme, intimidation, revendication d’un côté ; aide aux devoirs, déscolarisation, victimisation de l’autre. Il explique comment il a fait face à ces dérives et dénonce la passivité des autorités préfectorales, judiciaires et éducatives dans ce contexte. Il s’en prend également à certains élus coupables de complaisance à l’égard des islamistes, notamment – mais pas seulement - au sein des partis de gauche.

L’ancien maire de Sarcelles met en exergue la « communauté paisible des musulmans républicains » dont bon nombre se sont progressivement tournés vers l’Islam à partir des années 2000. Son livre prend parfois la forme d’un plaidoyer pro domo qui nuit à son efficacité. Par ailleurs il utilise trop souvent le terme de « communauté » pour désigner les Français musulmans, juifs ou catholiques. La lecture de ces « Émirats de la république » est néanmoins roborative.

NB : constat tristement éloquent : selon la presse, les juifs sépharades, les musulmans, les assyro-chaldéens de Sarcelles sont aujourd’hui regroupés par quartiers et illustrent d’avantage la formule du « vivre séparé » que du « vivre ensemble ».

Par un maire (François Pupponi a été maire de Sarcelles pendant plus de 20 ans), les stratégies d'entrisme et les attaques aux institutions républicaines par l'islam politique. Comment une idéologie totalitaire s'offre tous les moyens de la démocratie pour installer un séparatisme, avant que le projet politique porté par l'Islam radical se substitue à nos institutions. Très didactique, en se servant de son expérience sur le terrain, François Pupponi propose ses solutions qu'on peut discuter, mais au moins il propose. Il décrit aussi les lâchetés et les compromissions de la gauche (PS, PCF, NPA, mélenchonistes, certains medias comme Mediapart...), croyant avoir trouvé dans les "musulmans" un substitut à la classe des prolétaires qui constituaient auparavant leur base électorale. Très instructif.