« Réflexion sur mon échec » est paru en 2016. La journaliste Françoise Siri interroge Jean François Kahn sur ses engagements médiatiques et politiques. Le titre de l'ouvrage implique un constat : il avoue son échec dans ses tentatives de sortir du carcan binaire droite-gauche devenu artificiel et sclérosant. Auteur de nombreux ouvrages philosophiques et fondateur de magazines (Les Nouvelles littéraires, L'évènement du Jeudi, Marianne), il voulait porter dans le milieu médiatique une nouvelle approche du débat politique. A ses yeux, l'échec est double : sur les moyens, modifier le fonctionnement interne d'un média, et sur les finalités, dépasser le débat binaire. Le milieu médiatique étouffe toute tentative de changement de la démarche bipartisane. Dans le contexte actuel, il constate une « régressivité réactionnaire ». le constat est amer, car Jean François Kahn renouvelle la véracité de ses analyses. Aux questions de Françoise Siri, J F Kahn se défend de publier un livre masochiste ou dépressif. Il est très critique sur le fonctionnement du milieu médiatique actuel, sévère sur les acteurs politiques, pessimiste sur l'avenir… Et cet ouvrage date de 2016, la situation en 2021 ne paraît pas avoir éclairci l'horizon. le témoignage est intéressant, J F Kahn est un esprit libre dont la parole, aujourd'hui plutôt rare dans les médias, vaut écoute.
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Il y a des petits livres qui renferment de vrais trésors !
C’est le cas avec ces courts poèmes évoquant la découverte des ruines du monastère de Saorge (Alpes-Maritimes), l’exact équivalent en France des premiers ermitages franciscains du pays d’Assise…
Mais bien plus qu’une visite guidée, ces textes nous plongent dans la mémoire de ces pierres témoins de vie fervente aux pieds de la montagne quand « l’eau s’apprivoise au geste du pavé » et qu’aux murs « les couleurs provençales » d’un « gros médaillon tendre comme un biscuit rose guimauve et vert anis » délivrent le souvenir de “François”, le saint...
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Les fresques dévoilent des visages décomposés par le temps alors que « sonne la cloche au village »…
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Ce qui m'a retenu l'attention (poétique!), c'est que tout se joue dans ce continuel "aller-retour" entre passé et présent, entre mort et vie quand là-bas « les ânes connaissent la valeur du temps » et qu'au village les « veuves recousent leurs souvenirs dans l’atelier des poupées et des santons » et qu'ici dans ces ruines, nichées dans notre mémoire et celle de l'Histoire, s'accrochent les images-souvenirs de ces "frères qui ont bâti le monastère / Dans la vallée de la Roya / Flammes de cierges / Se sont éteints"…
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Les poèmes de Françoise Siri sont une “halte” bienfaisante, à la fois descriptive, symbolique et profonde, pleine de saveurs, d’images exquises, affirmant le temps qui passe comme l’eau de la « bouillonnante Roya », mais s’arrêtant aussi sur « la montagne à la fenêtre et (sur) la lumière infinie »…
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Le style "coule" sans peine ! .... tout comme le flot du temps, comme ces lumières glissant sur les fresques et les anoblissant, comme ces bruits lointains venus de la vallée accompagnés du murmure continu de la Roya...
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Une écriture sobre, sans ornements inutiles, humble et fervente tout à la fois, comme on imagine son auteur, discrète mais passionnée, journaliste, poète et "passeuse" de poésie, auteur entre autres d'un magnifique entretien publié chez Albin Michel, qu'elle vécu avec François Cheng (tiré de cinq entretiens radiodiffusés sur France Culture pour l'émission "A voix nue").
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Un petit livre pour un moment de simple et subtile profondeur.
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Un joli moment avec ce grand Monsieur, honnête, lucide, trop?Des confidences d'âme à âme.
Françoise Siri se fait élégamment discrète, elle écoute...
Écoutons avec elle
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Très bel ouvrage ! L'interview de Françoise Siri est délicat, c 'est sa patte d journaliste! Et le grand poète passionnant! Quel chemin e vie époustouflant....De boat people à Académicien... Chapeau bas l 'artiste!
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