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Citation de Charybde2


En France, les médias parlent des bons Bosniaques et des mauvais Serbes. Des journalistes occidentaux font de rapides passages sur place et en tirent des papiers manichéens. Et puis, que donnent à voir de ce conflit les véritables « voyages organisés » pour personnalités politiques et intellectuelles ? Les Danièle Mitterrand, Barbara Hendricks, Bernard-Henri Lévy et tous les autres avaient-ils seulement le désir de comprendre ce qu’il se passait ici ? Benlazar a appris à Sarajevo que tout n’est pas si simple.
La guerre civile a immédiatement infiltré le centre-ville, comme une vague de boue qui pénètre partout. D’abord les balles des snipers et les obus serbes qui frappaient au hasard. Puis les mafias. Celles-ci sont toujours à l’œuvre. Un conseiller de ce qui reste du consulat français a expliqué à Benlazar que sur le kilo de nourriture distribué par jour et par habitant, seuls 160 grammes parviennent effectivement à l’habitant, le reste est revendu à l’extérieur de la ville. Lorsqu’il parle avec les locaux, le Français comprend aussi que les tensions communautaires ne se sont pas tues : une haine féroce oppose les Sarajéviens, urbains, aux paysans des alentours. Pour ces derniers, la ville était le lieu de l’invasion arabe – l’est toujours.
Cette invasion arabe n’est pas seulement un fantasme de paysans arriérés.
Pour sortir de Sarajevo, Benlazar n’emprunte plus le tunnel qui passe sous les pistes de l’aéroport. Il prend un 4 x 4 du consulat. Il a pour mission de surveiller le bataillon des volontaires islamistes internationaux, basé dans la ville de Zenica.
Des habitants lui ont assuré que des Français appartenaient à la brigade El Moudjahidin. Un ancien de la brigade, moyennant quelques dollars, a balancé des noms. Benlazar a établi et transmis à la Boîte des « fiches blanches ». Ces fiches de signalisation sont au nom de Lionel Dumont, Mouloud Bouguelane et Christophe Caze. Dans ses rapports, Benlazar note aussi les effectifs de la brigade – un millier de fondamentalistes, pour la plupart bosniaques, afghans ou arabes, et quelques Européens – et leurs déplacements. À Zenica, il a appris que ces hommes étaient sous la coupe d’émirs venus du Maghreb, d’Iran, d’Egypte et d’Afghanistan. Il a tenté d’alerter la direction de la DGSE. En vain. Paris est confiante : les accords de paix avancent et, après la guerre, ces moudjahidine retourneront chez eux, à leur vie d’avant. Benlazar n’en revient pas : toujours cette même vue à court terme des renseignements français. Lui, il sent les choses, il flaire cette odeur de djihad. Et Zenica, Sarajevo, c’est déjà l’Europe.
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