Le sol, les murs, les vitres, le plafond, tout l’habitacle dansait un léger branle, sur un rythme un peu déhanché. Il faisait chaud dans le compartiment. On s’était habitué à l’odeur des gens et de leurs pique-niques. Le partage du petit territoire s’était établi sans bisbille, selon le droit républicain des fesses à disposer de la banquette. Certains lisaient, d’autres somnolaient. Les enfants à la vitre continuaient seuls à s’étonner. Parfois une conversation s’engageait, puis cessait pour des kilomètres entiers. Il y avait cette berceuse continue de percussions et de souffles, ponctuée de brefs cris de la locomotive, laquelle imposait patience à tous les voyageurs.