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Citation de NicolaK


La revanche du kakapo - Bouffanges

— Quoi ? barrit White.
Camouflé dans son sempiternel nuage de fumée, le visage de mon agente littéraire devait sans doute virer à un rouge soutenu, en passe de franchir le rubicond.
White était un petit bout de femme d’un demi-bûcheron de haut, et d’un bûcheron et demi de large, elle fumait comme un virage nord-est d’ultras du PSG fraternellement enlacés autour d’une grenade fumigène. À vrai dire, elle vapotait. Mais pour garder ses habitudes et cette ambiance étouffante qu’elle disait propice à la concentration (dans ses jours de lyrisme, elle appelait son bureau son camp de concentration), elle avait opté pour une cigarette électronique qui produisait plus de fumée que la pire des Gitanes maïs. Malgré quarante années de tabagisme scrupuleux, elle conservait des dents d’une étincelante blancheur, ce qui lui avait valu son surnom de White. L’état civil s’obstinait à vouloir l’appeler Suzanne, mais personnellement je ne m’y serais jamais hasardé. Elle jurait tenir la recette de sa blancheur miracle de sa grand-mère, qui avait vécu 123 ans, après avoir fumé pendant plus d’un siècle plus de 30 cigarettes par jour, totalisant une étourdissante centaine de milliers de clopes, de quoi justifier la déforestation massive de la moitié du Brésil pour y cultiver du tabac. Elle affirmait garder sa recette secrète « pour ses vieux jours ». Le jour où je la commercialiserai, je vais palper du Pascal à ne plus savoir qu’en foutre. Que l’on pût lui objecter que les Pascal ne valaient plus tripette depuis vingt ans ne défrisait nullement ses belles certitudes. Pas plus que de douter de l’innocuité de ladite recette. White considérait l’héritage grand-maternel comme son plan d’épargne retraite, et somme toute sa belle confiance n’était peut-être pas moins aveugle que celle des masses laborieuses envers les banques qui semblaient pourtant n’éprouver aucune lassitude à faire n’importe quoi de leur argent.
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