La convalescence est une purification et une renaissance. Le sentiment de la vie n’est jamais aussi suave qu’après l’angoisse de la maladie ; Et jamais l’âme humaine n’est plus encline à la bonté et à la confiance qu’après avoir sondé les abîmes de la mort. En guérissant, l’homme comprend que la pensée, le désir, la volonté, la conscience de la vie ne sont pas la vie. Il y a en lui quelque chose de plus vigilant que la pensée, de plus durable que le désir, que plus puissant que la volonté et aussi de plus profond que la science : et c’est la substance, la nature de son être. Il comprend que sa vie réelle et, pour ainsi dire, celle qui n’a pas été vécue par lui; qu’elle est l’ensemble des sensations involontaires, spontanées, inconscientes, instinctives; qu’elle est l’activité harmonieuse et mystérieuse de la végétation animale; le développement imperceptible de toutes les métamorphoses et de tous les renouvellements. C’est cette vie-là justement qui accomplit en lui les miracles de la convalescence : elle referme les plaies, répare les pertes, rattrape les mailles détruites, raccommode les tissus déchirés, répare les structures des organes, renouvelle dans les veines la richesse du sang, renoue sur les yeux le bandeau de l’amour, tresse de nouveaux autour de la tête la couronne des songes, rallume dans le coeur la flamme de l’espérance, redonne des ailes aux chimères de l’imagination.