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Citation de catherinemasson


Un soir glacial, au cœur de l 'automne. Une épaisse et profonde obscurité noie l'étendue chaotique originelle, le ciel et la terre, les arbres et les rochers se fondent, la route est invisible, tu ne peux que rester sur place sans pouvoir dégager tes pieds, le buste penché en avant, les bras étendus pour tâtonner dans cette nuit noire, tu entends bouger, mais ce n'est pas le vent, c'est l'obscurité dans laquelle il n'y a plus ni haut ni bas, ni gauche ni droite, ni lointain ni proche, ni aucun ordre déterminé, tu te fonds totalement dans ce chaos, tu sais seulement que ton corps possède un contour, mais même ce contour s'estompe peu à peu dans tes pensées, une lueur monte à l'intérieur de toi, comme le feu solitaire d'une bougie dans l'obscurité, sa flamme dégage de la lumière mais pas de chaleur, une lumière glaciale qui emplit ton corps, déborde ses contours, ces contours que tu conserves en pensée, tes deux bras se resserrent pour préserver ce feu, cette conscience glaciale et transparente, tu as besoin de cette sensation, tu t'efforces de la protéger, devant toi apparait la surface tranquille du lac, et, sur l'autre rive, se dressent des bosquets d'arbres, des arbres qui ont perdu leurs feuilles, et d'autres, pas encore complètement dépouillés, des peupliers sveltes où restent accrochées quelques feuilles jaunes, des jujubiers d un noir métallique où seules une ou deux feuilles jaune pâle tremblent au vent, des arbres à suif pourpres clairsemés, semblables à des volutes de brouillard à la surface du lac, aucune vague, seulement des reflets, nets et brillants, aux couleurs chatoyantes, du rouge , au pourpre, à l'orangé, au jaune tendre, au vert foncé, au brun gris, au blanc de lune, sur plusieurs niveaux, tu réfléchis intensément, puis soudain les couleurs disparaissent pour se fondre en d'innombrables nuances de gris, de noir et de blanc foncé ou clair, comme une vieille photo défraîchie, seules les ombres restent nettes, au lieu de dire que tu es sur terre, mieux vaut dire que tu es dans un autre espace, tu observes la propre image de ton cœur en retenant ton souffle, tout est si calme, le calme te rassure, tu as l'impression qu'il s'agit d'un rêve, qu'il ne faut pas t'inquiéter, mais tu ne peux t'en empêcher, justement parce que le calme est trop parfait, un calme exceptionnel.
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