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Citation de SZRAMOWO


La nuit que je passai, il est facile de l’imaginer ! Moi qui avais tout vu dans le regard de Christine, je n’avais pas prévu cela : un monsieur caché dans une armoire ! Décidément je ne serai jamais qu’un poète, c’est-à-dire la plus pauvre chose qui existe au monde : « Tu étais tout pour moi, mon amour ; pour toi mon âme languissait – tout pour moi : une île verte dans la mer, – une fontaine et un autel tout enguirlandé de fruits et de fleurs féeriques ! – Mais je n’avais pas prévu cela : le monsieur dans l’armoire ! – Désormais la coupe d’or est brisée ! que le glas sonne ! Encore une âme sainte qui flotte sur le flot noir !... Une de plus !... Ah ! les filles de Satan !... »
Eh bien, je vais vous dire : cette nuit d’insomnie ne fut pas remplie seulement par le désespoir, la rage contre ma stupidité innée, mais aussi par une espèce d’allégresse diabolique, et vous allez comprendre tout de suite ce sentiment complexe. J’adorais Christine non seulement comme un ange que je continuerai toute ma vie de pleurer, mais je l’aimais aussi comme une femme, comme la plus belle des femmes... et là était mon supplice, car cette femme, je savais qu’elle ne serait jamais à moi, qu’elle ne m’aimerait jamais, que je ne pourrais peut-être jamais en approcher ; mais l’atrocité de cette absolue certitude était encore doublée par l’idée que ce joyau de Dieu, un beau jour, le carabin d’en face, le prosecteur modèle, le menuisier de la chirurgie, se le passerait au doigt et irait trouver monsieur le maire, pour les justes noces !
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