P 126 J'ai déjà dit que Mathilde Stangerson avait été très religieusement élevée, non point par son père qui était assez indifférent sur ce chapitre, mais les femmes et surtout sa vieille tante de Cincinnati. Les études auxquelles elle s'était livrée par la suite, aux côtés du professeur, n'avaient en rien ébranlé sa foi et le professeur s'était bien gardé d'influencer en quoi que ce fût, à ce propos, l'esprit de sa fille. Celle-ci avait conservé, même au moment le plus redoutable de la création du néant, théorie sortie du cerveau de son père, ainsi que celle de la dissociation de la matière, la foi des Pasteurs et des Newton. Et elle disait couramment que, s'il était prouvé que tout venait de rien, c'est à dire de l'éther impondérable, et retournait à ce rien, pour en ressortir éternellement, grâce à un système qui se rapprocherait d'une façon singulière des fameux atomes crochus des anciens, il resterait à prouver que ce rien, origine de tout, n'avait pas été créé par Dieu.