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4.75/5 (sur 4 notes)

Nationalité : Roumanie
Né(e) à : Blejoi , le 06/02/1908
Mort(e) à : Bucarest , le 14/09/1993
Biographie :

Geo Bogza a été l'un des principaux initiateurs du mouvement d'avant-garde ouvert au surréalisme. Après avoir édité en 1928 la revue Urmuz, il fait partie du groupe Unu (1928–1933), à côté de Ilarie Voronca, Ștefan Roll, Sașa Pană, Miron Radu Paraschivescu et Victor Braunner.
Jurnal de sex (Journal de sexe,1929), Poemul invectivă (le Poème invective, 1930) et Cântec de revoltă, dragoste și moarte (Chant de révolte, d'amour et de mort, 1945) rassemblent les poèmes de cette époque-là.
Geo Bogza est aussi un grand reporter. Parmi ces reportages d'une couleur poétique, sont à citer Țări de piatră, de foc și de pămînt (Pays de pierre, de feu et de terre, 1938), Cartea Oltului (le Livre de l'Olt, 1940), Priveliști și sentimente (Paysages et sentiments, 1972).
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Source : Wikipédia
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Citations et extraits (76) Voir plus Ajouter une citation
Géo Bogza
La cerisaie
------------
Je rêve d’un monde où l’on épargne aux gens
l’humiliation de l‘achat des cerises au marché.
Je rêve d’un monde – et je ne crois pas que c’est une utopie
– où chaque être humain puisse avoir son cerisier.
Qu’il sache l’avoir et qu’il puisse aller au printemps
entrer en communion avec lui.
Je dis : un être humain et un cerisier
comme je dirais un homme et un paratonnerre
conçu pour le défendre des mortelles tensions
dont la planète s’est chargée.
Un être humain et un cerisier – un homme qui tire vers soi
les branches du cerisier – c’est un homme qui va de l’avant
en redevenant
enfant.

traduit du roumain par Radu Bata.

[le texte original :
Visez o lume în care oamenii să fie scutiți
de degradarea de a cumpăra cireșele de pe tarabă.
Visez o lume - și nu cred că e o pură utopie
- în care fiece om să aibă cireșul său.
Să știe că îl are și că se poate duce primăvara
să intre în comuniune cu el.
Spun: Un om și un cireș,
ca și cum aș spune un om și un paratrăsnet.
Menit să-l apere de mortalele tensiuni
de care s-a încărcat planeta.
Un om și un cireș - un om trăgând spre sine
crengile cireșului - înseamnă un om redevenit copil]
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Géo Bogza
L'écriture, acte de panique. Comme la recherche désespérée de l'air sur une planète à l'atmosphère raréfiée. Un spasme et un grincement de chaque instant. Une apparition au sang embrasé, aux lèvres gercées d'une soif sans répit. L'impossibilité de trouver une pensée qui ne brûle pas, une image qui ne soit en même temps blessure sur la rétine. L'impossibilité de l'idée de confort. Notre cœur est pétri dans la terre du Japon aux séismes perpétuels. Une pensée est un cataclysme, elle nous traverse en consumant toute possibilité de repos, elle remplit de sable brûlant le moindre soupçon d'oasis.
Notre vie est embrasée de conflits. Notre principe moteur, une lucidité corrosive, intente constamment des procès sévères au monde extérieur comme à nous-mêmes. Notre exaspération est pure : exaspération contre tout ce qui existe, exaspération contre tout ce qui n'existe pas. Exaspération contre soi. Exaspération contre l'exaspération. Exaspération contre toute chose à laquelle nous devons nous soumettre, exaspération contre toute chose dont nous triomphons, dans un tumulte ravageur.

[extrait de « L'Exaspération créatrice (j'écris parce que la vie m'exaspère) »,1931, traduit du roumain par Șerban Cristovici]
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Géo Bogza
Pour parvenir à écrire un poème viable, le talent ne suffit pas. Il faut encore une chose : la souffrance. Permanente. Dans le sang, dans le sourire, dans chaque respiration. Regardez le visage d'Ilarie Voronca.

(1931, traduit du roumain par Șerban Cristovici)
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Géo Bogza
La table sur laquelle nous écrivons est un bûcher. Cependant que d'autres cherchent dans l'écriture une voie et un but de satisfactions, nous qui « savons », nous qui avons la « conscience torturante » de notre existence ici, pour une seule fois, nous qui savons que la parole nous est donnée à une seule reprise dans le déroulement des temps il nous est « impossible » d'ignorer la tragédie de l'existence, de nous contenter de palliatifs, de nous résigner à mâchouiller les mêmes sujets allant de l'idylle à l'adultère ; « nous voulons autre chose » ; une nécessité organique – peut-être le jaillissement en nous, aujourd'hui, de toutes les douleurs accumulées dans l'être depuis des milliards d'années – nous bouleverse profondément, nous pousse à tout dire en broyant le monde comme un miroir : tout ce qui a été contourné, tout ce qui a pesé sur les hommes comme un sortilège et comme un carcan ; elle nous incite à goûter la force du monde comme un sublimé, sans nous préserver, sans craindre de finir d'une « manière » que les autres appelleraient catastrophe.

[extrait de « L'Exaspération créatrice (j'écris parce que la vie m'exaspère) »,1931, traduit du roumain par Șerban Cristovici]
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Géo Bogza
Le silence déchaîné

« Souvent, j'éprouve ma voix et je sais qu'un jour ma gorge répondra avec des sons d'argile » (Sașa Pană).

Maintenant, le poète accomplissait son projet de silence universel
il avait mordu la vertu de la rouille dans les gosiers
comme une glande, il l'avait greffée sur le corps des tapageurs
et le lendemain la ville se tordait de panique
le silence épouvantable qui avait torturé ses amis et ses chiens
s'étendait comme la gale dans la voix des bavards
une femme voulut rire et son rire fut de coton
un disque de gramophone tournait, muet sous les aiguilles impuissantes
des lèvres s'ouvraient en vain et aucune parole ne fut plus prononcée
le silence croissait dans les maisons et dans les gosiers
privées de bruit, les oreilles fanées se détachaient des crânes
les chiens des rues les happaient avidement dans les fossés
les hommes apeurés tapaient sur des clôtures et sur des boîtes en fer-blanc
quelqu'un s'escrimait, cassant des vitres avec ses poings
mais on ne put arracher à la matière le moindre son
le ciel faisait pleuvoir les cadavres d'oiseaux asphyxiés de ne pouvoir chanter
dans les gares les trains se culbutaient comme des insectes
mais les hommes affolés voulurent entendre à tout prix
on fit sauter une maison – ça ressemblait aux aigrettes de pissenlit
alors ils abattirent la grande tour au cœur de la ville
et la tour s'effondra sur la place et sur les maisons
sans le moindre crissement de briques
à chaque instant la soif de bruit se faisait plus lancinante
alors, les hommes déchargèrent des revolvers près de leurs tympans
et tombèrent dans les fossés, pâles, sans pouvoir entendre la détonation
les cités exaspérées s'anéantirent à coups d'obus
un monstrueux éclat de rire fusa d'un bout à l'autre de la Terre
mais le silence était hallucinant, immense, déchirant ainsi que l'avait désiré le poète.

(1931, traduit du roumain par Șerban Cristovici)
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Géo Bogza
J'imagine le monde spirituel (non pas le spiritualisme fade des professeurs de philosophie) comme un paysage pouvant être perçu par les sens – mais un paysage torturé pas des fièvres, faisant éclater les lignes comme des cris, synthétisant les couleurs en une nouvelle couleur, inconnue, brûlant le regard et s'offrant à lui comme une cuisse dénudée au sens de la procréation.
[…] naquit l'art de cet étrange Urmuz. Lui et [Mihai] Eminescu, par leurs tourments et par leur fin tragique, par l'acharnement à ne trouver aucun confort dans l'existence, sont les seuls chez nous à avoir élevé les pulsations de la littérature au niveau où les aura poussées Edgar Poe outre-Atlantique et en France le panoptique bizarre des poètes maudits.

(extrait de Urmuz le précurseur, 1930, traduit du roumain par Șerban Cristovici)
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Géo Bogza
L’œuf phénoménal

La chèvre peut brouter le chou jusqu'au trognon,
Ça ne m'intéresse pas.

Et le chou peut devenir une crinoline,
Laissant la chèvre mourir de faim,
Ça ne m'intéresse pas.

Le problème du chou et de la chèvre est sans intérêt.
Mais je rêve, et depuis longtemps, d'un coq magnifique,
Un coq avec des parents de soleil
Et une poule comme on n'en a jamais vu
Qui puisse nous donner enfin
L'œuf phénoménal.

Oh depuis longtemps je rêve
De cet œuf,
Cet œuf dont on pourrait faire
Une immense omelette sans le casser
Pour l'histoire de tout un siècle.

Le problème de la chèvre et du chou ne m'intéresse pas,
Qu'ils se débrouillent.
Mais quant à moi, je ne veux plus, oh je ne veux plus
De ces omelettes invoquées par les chefs cuisiniers
Pour casser des millions d'œufs.

Tant de jaune d'œuf qui coule le long de la coquille,
Tant de cocoricos de moins sous le soleil,
Tant de soleils qu'on ne laisse pas se lever
Toute l'histoire du monde pervertie
Sous prétexte que c'est ainsi qu'on fait les omelettes.
Mais depuis longtemps je rêve, je rêve de l'œuf
Phénoménal.

(traduit du roumain par Ion Pop et Serge Fauchereau)
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Estampe

C'est l'heure d'un couchant de faste plein
Enveloppant de ses pourpres sans fin
Tel plateau de la terre transylvaine.
Couvrant de gloire bien médiévale
La ville de la vieille cathédrale,
Ville où jadis une fille m'aima
L'un près de l'autre nous mourûmes là
Tous deux par la musique tués – wagnérienne.

(p. 323)
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Inscription sur les vagues de la mer

Ici, dès le commencement du monde, la mer hurla sa folie,
Roulant vers les rivages des vagues et géantes et amères,
Prise du tragique tourment auquel les dieux la destinèrent,
Sein de Clytemnestre frappé par la malédiction.

Dès le commencement du monde, des loups gris d'eau
Hurlèrent par ici, tous en proie à la rage,
Des éléphants aussi passèrent, accouchés par les grands ouragans,
Frappant de leur trompe le ciel, essayant de le démolir,
Géants et fous et aveuglés par des fureurs énormes.

Et après l'équinoxe d'automne, le Grand-maître de la nuit souterraine
Installait ici une section de l'enfer,
Effrayant de sa sinistre lamentation hommes et poissons, rochers et rivages.

« Et voilà », je dis, « assez de tout cela :
Ils ont existé dès le commencement du monde, mais maintenant ils n'existeront plus.
J'ai la force de dominer la jungle des fauves liquides.
Leur hurlement et leur chaotique soulèvement finissent.
Il y aura ici le règne de mon front et de mon bras.
J'arrache au sort cruel le sein de Clytemnestre,
J'en fais un autre sein, convoité par tous ceux qui se trouvent en mer,
Que des milliers de navires reposent leur tempe enfin sur sa rondeur paisible,
Oubliant sous la veille du haut phare les noires nuits où, tressautant dans le sommeil, ils rêvaient des naufrages. »

(p. 331-333)
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Confession

Je me rappelle les gros godillots lourds avec lesquels j'ai fait les premiers pas dans la vie,
Les godillots que je chaussais à quatorze ans
Et avec lesquels je descendais au port aux grands bateaux,
Piétinant la boue et la neige, évitant de marcher dans les caillots de sang.
Je portais alors une capote noire de marin, qui sentait l'étuve,
Et les godillots étaient grands et lourds pour mes pieds de quatorze ans,
Je marchais péniblement avec eux dans les rues sales du port,
Entre des marins, des porteurs et des prostituées.
J'étais un grand gars, maigre et timide, qui pouvait faire rire bien des gens,
Et ils en riaient.
Que serais-je devenu si je n'avais pas eu les godillots ?
Ils m'aidaient à ne pas pleurer, à ne pas trébucher de timidité,
Me donnant un énorme et douloureux équilibre.
Ils étaient gros et lourds et me tenaient les pieds sur la terre,
Ils étaient mes amis et mes alliés et mes anges gardiens,
Avec eux je faisais mes premiers pas dans la vie.
Dans la capote noire de marin, qui sentait l'étuve,
Avec eux je marchais dans les rues sales du port,
Rêvant d'écraser son mes pas toute la laideur du monde.

(p. 273-275)
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