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Citation de daniel_dz


Le sociologue Nils Christie n'a pas tort de dire que, à travers la logique pénale, l'Etat nous vole. Ou, mieux, il vole les individus de leurs conflits : lorsqu'un antagonisme privé surgit, lorsqu'une agression a lieu, l'Etat les fait siens. Il exproprie les parties du conflit dans lequel elles étaient prises. Il expulse la victime et se pose comme la victime; il impose ses catégories juridiques, ses modes de perception, ses qualifications ; et il détermine un mode de règlement que les deux parties sont contraintes d'accepter, auquel elles doivent se soumettre, indépendamment de leur volonté. Ce mode de règlement (procédure, peine, etc.) peut déplaire aux deux parties. Il rend impossible le déploiement d'autres logiques, comme celles du pardon, de la réparation, de l'entente, qui laisseraient aux acteurs la possibilité de négocier eux-mêmes la sortie du conflit -et peut-être surtout de définir par eux-mêmes ce que , « sortir de ce conflit » signifierait. La justice pénale implique que l'Etat accapare les conflits privés et dépossède les acteurs d'une capacité de négociation et de détermination des « sanctions » selon leurs propres termes, leur propre volonté, leurs propres « besoins ». Christie décrit ainsi les avocats et les juges comme des « voleurs professionnels », et les catégories juridiques comme des instruments de dépossession de notre expérience par l'État.
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