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Citation de Woland


[...] ... Le boudoir, autour d'eux, était-il la pièce où elle vivait le plus ? Des tapisseries anciennes en garnissaient les murs. Le parquet était luisant, chaque meuble à sa place et, sans raison précise, cela rappelait à Maigret le couvent où, autrefois, il rendait visite à l'une de ses tantes qui était religieuse.

- "Asseyez-vous, je vous en prie."

Elle lui indiquait un fauteuil doré auquel il préféra une chaise, encore qu'il eût peur d'en faire craquer les pieds délicats.

- "Ma première idée a été d'aller là-bas," lui confiait-elle en s'asseyant à son tour, "mais je me suis rendu compte qu'il ne devait plus y être. On a emmené le corps à l'Institut médico-légal, n'est-ce pas ?"

Elle n'avait pas peur des mots, des images qu'ils évoquaient. Son visage était serein, presque souriant, et cela aussi rappelait le couvent, la sérénité particulière des bonne soeurs qui n'ont jamais l'air d'être tout à fait dans la vie.

- "Je tiens à le voir une dernière fois. Je vous en parlerai tout à l'heure. Ce qui me presse avant tout c'est de savoir s'il a souffert. Répondez-moi franchement.

- Rassurez-vous, madame. Le comte de Saint-Hilaire a été tué sur le coup.

- Il se tenait dans son bureau ?

- Oui.

- Assis ?

- Oui. Il était occupé, semble-t-il, à corriger des épreuves."

Elle fermait les yeux, comme pour donner à l'image le temps de se former dans son esprit et Maigret s'enhardit assez pour poser une question à son tour.

- "Vous êtes déjà allée rue Saint-Dominique ?

- Une seule fois, il y a bien longtemps, avec la complicité de Jaquette. J'avais choisi une heure où j'étais sûre qu'il n'y était pas. Je voulais connaître le décor de sa vie, pouvoir le situer, en pensée, chez lui, dans les différentes pièces."

Une idée la frappait.

- "Vous n'avez donc pas lu les lettres ?"

Il hésita, préféré avouer la vérité.

- "Je les ai parcourues. Pas toutes, cependant ...

- Elles sont restées dans la bibliothèque Empire à grillage doré ?"

Il faisait oui de la tête.

- "Je me doutais que vous les aviez lues. Je ne vous le reproche pas. Je comprends que c'était votre devoir.

- Comment avez-vous appris sa mort ?

- Par ma belle-fille. Philippe, mon fils, est venu de Normandie avec sa femme et ses enfants pour les obsèques. Tout à l'heure, en rentrant du cimetière, ma bru a parcouru l'un des journaux que les domestiques posent d'habitude sur une table du hall.

- Votre belle-fille est au courant ?"

Elle le regardait avec une surprise qui frisait la candeur. Si ce n'avait été elle, il aurait peut-être pensé qu'elle jouait un rôle.

- "Au courant de quoi ?

- De vos relations avec le comte de Saint-Hilaire ?"

Son sourire aussi était un sourire de religieuse.

- "Mais certainement. Comment n'aurait-elle pas été au courant ? Nous ne nous sommes jamais cachés. Il n'y avait rien de mal entre nous. Armand était un ami très cher ..." [...]
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