AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de cici899


Tout à coup, il voit Ngalula s'arrêter, porter la main en cornet autour de l'oreille. Lui-même ne perçoit rien d'extraordinaire dans le concert de gazouillis qui se mêle au bruissement du feuillage.
La gorge de son amie se gonfle, ses lèvres se tendent.
« Piiit-piiit-piiiiit. »
Dans les taillis, un bref silence. Ngalula ne bouge plus. Une vraie statue. Elle patiente quelques instants, puis recommence, les yeux fermés.
« Piiit-piiit-piiiiit. »
Marco retient son souffle. A présent, il distingue… dans ce gros chêne, un peu plus haut, sur la droite…
« Piiit-piiit-piiiiit. »
Le visage de Ngalula s'éclaire. Entre elle et l'oiseau invisible, un dialogue s'établit.
-Piiit-piiit-piiiiit.
-Piiit-piiit-piiiiit.
La fillette hoche la tête, serre la main de Marco. Elle a subitement l'air toute triste.
-Qu'est-ce qui se passe, qu'est-ce qu'il t'a raconté?
-…
-Dis-moi! Tu n'as plus confiance? Je ne suis plus ton ami?
Elle hésite, comme s'il lui fallait trahir un secret. Puis elle se penche et murmure:
-C'est un petit. Sa maman est partie. Il est tout seul dans le nid. Ecoute comme il tremble.
Et Marco, en effet, a l'impression que le pépiement est comme haché par la peur.
A son tour, il pose la bouche contre l'oreille de Ngalula.
-Elle est sûrement allée chercher de la nourriture. J'ai vu ça dans un documentaire, elle va revenir avec un ver de terre dans son bec.
-Non, elle est partie pour de bon. Elle ne reviendra plus jamais. Un chasseur l'a tuée.
-Il n'y a pas de chasseur, ici! C'est interdit.
-Tu crois?
-J'en suis sûr. Mon grand-père me l'a dit. On ne peut chasser qu'en automne, et pas les oiseaux. Avant, il y avait des sales tendeurs, qui les capturaient pour les mettre dans des cages. Maintenant, c'est eux qu'on fourre en prison.
En fait, il dit ça pour la rassurer, mais il n'en est pas tout à fait sûr. Même, il se souvient que Papy, avant son accident, décrochait le fusil qui pend dans sa chambre quand une volée de grives se posait sur le cerisier. Marco le regardait plier le canon, glisser les deux cartouches, mais il n'osait pas sortir, à la fois parce qu'il avait peur de la détonation et parce qu'il ne voulait pas aller ramasser les oiseaux. Ce qui ne l'empêchait pas de les manger d'excellent appétit. Mais il ne se souvient plus si c'était en été: il vient aussi toute une semaine à Noël et une autre encore à Pâques.
-Il y a les braconniers!
-Non, les garde-chasses les poursuivent.
-Pour les tuer?
-Mais non, quelle idée! Pour leur mettre une contravention.
-Ah!
Perplexe.
-Je t'assure! D'ailleurs, même en automne, personne ne chasse par ici. Ça manque de gibier. Ils vont de l'autre côté du village, près des étangs. Là, il y a des poules d'eau et même des faisans. Puis, des prairies et des bois pleins de lapins.
-Alors, peut-être qu'elle va quand même revenir! Attends, je le lui dis.
Elle se remet à siffler. « Piiit-piiit-piiiiit. » Le cœur battant, Marco attend la réponse.
« Piiit-piiit-piiiiit. »
Ça y est, l'oisillon a compris, son cri est devenu tout joyeux. Les deux enfants battent des mains.
Commenter  J’apprécie          20





Ont apprécié cette citation (1)voir plus




{* *}