Une heure après, j'étais chez monsieur Ledru. Le hasard fit que je le rencontrai dans la cour.
- Ah ! dit-il en m'apercevant, vous voilà ; tant mieux, je ne suis pas fâché de causer un peu avec vous avant de vous présenter à nos convives, car vous dînez avec nous, n'est-ce pas ?
- Mais, monsieur, vous m'excuserez.
- Je n'admets pas d'excuses ; vous tombez sur un jeudi, tant pis pour vous : le jeudi, c'est mon jour : tout ce qui entre chez moi le jeudi m'appartient en pleine propriété.
Après le dîner, vous serez libre de rester ou de partir.
Sans l'événement de tantôt, vous m'auriez trouvé à table, attendu que je dîne invariablement à deux heures.
Aujourd'hui, par extraordinaire, nous dînerons à trois heures et demie ou quatre.
Pyrrhus que vous voyez, - et monsieur Ledru me montrait un magnifique molosse, - Pyrrhus a profité de l'émotion de la mère Antoine pour s'emparer du gigot : c'était son droit, de sorte qu'on a été obligé d'en aller chercher un autre chez le boucher.
Je disais que cela me donnerait le temps, non seulement de vous présenter à mes convives, mais encore celui de vous donner sur eux quelques renseignements....
(extrait du chapitre IV "La maison de Scarron" de l'édition parue chez "Marabout")