Ghislaine Lejard, poète et collagiste, nous propose aux éditions Henry, dans la petite collection à couverture noire si caractéristique intitulée La main aux poètes, un opus qui porte bien son nom Si brève l’éclaircie.
Si brève l’éclaircie
dans la nuit profonde
des instants de lumière
en écho au ressac
la poésie du soir
éblouit l’aurore à venir.
(Dernier poème du recueil, page 46)
Sous ce titre sont regroupés 35 poèmes répartis en quatre ensembles : Fado de la mélancolie, Éclats de lumière, Entre terre et ciel, Si brève l’éclaircie. Il suffirait de recomposer ces quatre titres en un seul poème pour entrer dans l’univers de Ghislaine Lejard : poésie pour dire la présence au monde, les vibrations de l’air, la lumière bienfaisante, salutaire, qui nous aide à vivre dans la paix d’un mystère toujours renouvelé, avec au cœur cette foi, que l’on soit croyant ou non : « À la lisière de la lumière / rendre possible / l’impossible. »
Entre la plénitude d’un instant et la quête de l’éternité, les poèmes de Ghislaine Lejard nous disent une belle manière d’habiter le monde, flux et reflux, de capter la vie qui passe « dans l’éblouissement d’une pluie de pétales », d’avancer dans la brume, le clair-obscur ou le plein soleil, les sens ouverts aux offrandes quotidiennes, à la beauté qui en sait plus que nous, l’énigme restant la donnée fondamentale du parcours.
Sérénité, paix, joie, révélation, renaissance, confiance, partage... seront fidèles au rendez-vous pour peu que l’on vienne « boire à la fraîcheur du poème ». C’est un chant d’attente et d’accueil, un chant du « désir premier » qui s’élève ici, peuplé d’oiseaux, de feuillages, de « sources lumineuses », de « parfums légers », de fleurs odorantes… Le poète, fragile, comme tout un chacun, nous engage au-delà de nos blessures, de nos conditions de vie dans « le vacarme des villes » et « la vacance du temps », à puiser notre force dans un dialogue continu avec la nature qui nous ressource si nous savons l’observer, l’interroger dans une présence simple mais entière. Il est permis, si on s’abandonne au « seuil de la porte », de croire à cette « frontière de l’invisible » qui ouvre à « l’étincelle d’éternité », à l’autre « Présence », si brève soit l’éclaircie.
Commenter  J’apprécie         10