1. « Le monde connu s'étend partout : tout est plein, semblent dire les cartes. Plein de quoi ? De mots et d'images, plein de représentations. Mais des mots et des images peuvent-ils faire un monde ? Est-ce que cela suffit pour en faire un ?
Un monde, qu'est-ce que c'est ? Disons, pour faire simple, que c'est une 'totalité', et pas une simple juxtaposition de choses ; c'est un ensemble organisé doué d'un sens. Celui-ci n'est pas comme une chose parmi les choses ou comme une simple qualité, une couleur, par exemple. Le sens n'est ni une chose ni dans les choses : il leur est donné précisément parce qu'il leur manque. Mais, en le leur donnant, on le récupère aussi au milieu d'elles. Telle est son 'invention'. Ce sens peut être artistique, éthique, épistémologique ou religieux : il requiert à chaque fois une activité particulière de l'esprit qui met en jeu la raison, la sensibilité mais aussi l'imagination sur un plan individuel et collectif. » (p. 28)