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Citation de Ydamelc


Docteur, avez-vous déjà aimé ? Vous êtes-vous déjà attaché à quelqu’un au point de n’être pas vous-même lorsque cette personne est loin ? Je ne parle pas de cet amour que l’on donne ou que l’on reçoit, mais de celui que l’on échange, sans devoir, ni conscience, à l’instinct. Marianne m’a choisi, elle m’a accepté avec mes défauts, et nous sommes restés heureux ensemble jusqu’à ce que la maladie me l’arrache. Avec elle, je peux être moi-même. Sans elle, j’en suis incapable. C’est de cet amour-là qu’il est question. J’aimais mes parents, nous aimons notre fils, mais avec elle c’est autre chose. Être assis des heures sans prononcer une parole me nourrit. Rien que d’en parler, j’en tremble.Il tendit la main pour le prouver et reprit :— Vieillir ne m’a jamais fait peur, mais vivre loin d’elle ou pire, sans elle, m’a toujours terrifié. Depuis que je sais qu’elle existe, ne pas la sentir près de moi m’affaiblit. Nous avons derrière nous une vie partagée sans se décevoir, sans se trahir. Mais l’affection que je lui porte n’a pas besoin de carte de fidélité. Je ne me suis pas habitué à elle, je la savoure tous les jours. J’aime ce qu’elle est, au-delà du temps qui passe. Son caractère, ses idées folles, ce que nous nous donnons le courage d’accomplir. Si je la rencontrais aujourd’hui, j’en tomberais amoureux comme au premier jour.
— C’est sans doute un sentiment magnifique, mais je ne le connais pas.
— C’est un sentiment magnifique dont le manque vous tue une fois que vous y avez goûté. Vous avez alors un autre référentiel dans la vie. Tout semble fade et vain, superficiel et convenu. C’est fou le temps que vous gagnez lorsque vous savez pour qui vous voulez vivre. Vous savez du coup qui vous êtes, et plus rien ne peut vous distraire de ce qui compte vraiment. Votre vie prend un sens. Seul ce qui vous aide à le servir trouve encore grâce à vos yeux. Le reste n’est plus rien. Quand Marianne est tombée malade, j’ai tout fait pour rester auprès d’elle. Malheureusement, la vie nous a imposé des choix. Je voulais les meilleurs soins, mais les spécialistes ne se trouvaient pas dans la région. Et si son état de santé s’arrangeait, elle devait pouvoir me rejoindre, et la résidence s’avérait être la solution idéale. Alors j’ai fait le grand écart. On se téléphone presque tous les jours. Je lui écris toutes les semaines. Je vais la voir tous les mois. Mais je pense à elle chaque seconde.
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