AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de OceandreLaRenardouce


Les derniers, les moins aimés, ce sont les étrangers qui viennent chercher un travail rudimentaire, ou qui vendent sur les trottoirs les objets fabriqués de leurs mains, eux, on leur réserve des coups d'œil soupçonneux et des phrases affûtées. Depuis des années, des familles étrangères - polonaises, roumaines et albanaises - se sont installées en ville et dans les villages, des familles comme la mienne, composées de gens qui travaillent dur du matin au soir et qui ont réussi à louer des appartements ici, ils ont trouvé des emplois de maçons, jardiniers, domestiques, serveurs, cuisiniers, on raconte des histoires sur leur compte, on répand des calomnies.
Pendant longtemps, Agata m'a tenue informée de tous les méfaits accomplis par "ces gens-là", si le toit d'une grange tombait, si les rues étaient sales, si le travail venait à manquer à la campagne, si un chien de berger disparaissait, si c'était dangereux de traîner la nuit, si des bouteilles de bière flottaient à la surface du lac : tout était leur faute. Un des meilleurs racontars, qui revenait chaque année, voulait qu'un Roumain soit mort après s'être éloigné, ivre, sur un matelas pneumatique, il s'était noyé, le lac avait accompli
sa vengeance.
À partir du moment où elle a entendu dire que des hommes, albanais selon la rumeur, faisaient le guet à la sortie des collèges et des lycées pour enlever les jeunes filles, les forcer à monter dans des bus pour les emmener se prostituer Dieu sait où, Agata est devenue parano pendant presque un an. Quand nous sortions de cours, elle tendait le cou et jetait des regards furtifs dans toutes les directions, elle repérait chaque fourgon garé et chaque visage inconnu, elle me demandait: c'est qui, celui-là ?
Commenter  J’apprécie          20





Ont apprécié cette citation (2)voir plus




{* *}