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Critiques de Greg Tocchini (44)
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Low, tome 1 : L'ivresse de l'espoir

Low est un comics de bonne qualité, un peu complexe au début mais indéniablement original.





Il est difficile au début de se repérer dans les dessins qui sont très colorés et aussi très fournis en détails, et comme le coup de crayon est très stylisé il faut prendre le temps d'analyser chaque scène avec attention pour bien s'immerger et ne pas manquer des détails importants.

Une fois habitué on ne peut que plonger dans cette histoire de SF à l'intrigue simple mais bien travaillée.



Pour le scénario, c'est du classique, dans un futur très éloigné, la Terre n'ayant plus d'air saint, les humains ne peuvent plus vivre à la surface depuis des siècles, ils vivent donc dans des villes sous-marines ou malheureusement l'air se fait rare et le traitement de l'air est devenu de plus en plus toxique à force de recyclage, les jours sont comptés, nous suivrons les mésaventures d'une famille dans ce contexte.



J'ai assez bien aimé les dessins et la colorisation mais c'est surtout le scénario et les détails qui m'ont interpellé.

Je vais essayer de me procurer le deuxième tome prochainement, j'espère que le tout sera cohérent, il me tarde de le lire.



Ah oui une dernière chose, ce n'est pas un comics à mettre entre les mains de n'importe qui, il y a pas mal de violence mais aussi beaucoup de scènes érotiques, voir plus.



Voir la chronique sur mon blog :
Lien : http://unbouquinsinonrien.bl..
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Low, tome 1 : L'ivresse de l'espoir

Ce tome est le premier d'une série indépendante de toute autre. Il comprend les épisodes 1 à 6, initialement parus en 2014, écrits par Rick Remender, dessinés, encrés et mis en couleurs par Greg Tocchini qui a également réalisé les couvertures. Il fait partie des 3 séries indépendantes lancées par ce scénariste en 2013/2014, avec Black Science (avec Matteo Scalera & Dean White) et Deadly Class (avec Wesley Graig & Lee Loughridge).



Loin dans le futur, à une époque où le soleil a évolué jusqu'à ce que la vie soit devenue impossible à la surface de la Terre et qu'il ne reste que quelques millions d'êtres humains répartis en 2 ou 3 cités sous la protection de l'eau des océans. L'humanité sait que la vie sur Terre est condamnée à l'échelle de quelques années du fait de l'évolution de l'état du soleil. Dans la cité de Salus, Stel et Johl viennent de faire l'amour et se lèvent pour se préparer pour leur journée. Johl (le mari) remplit les fonctions de Timonier, responsable de la protection et du ravitaillement de la cité. Il a promis à ses filles Della & Tajo de les emmener avec lui lors de sa sortie du jour pour commencer à leur apprendre à piloter le vaisseau et l'amure. Stel n'y est pas favorable, mais accepte sous réserve que ses filles se souviennent de la promesse de leur père. C'est le cas. La petite famille se rend donc au vaisseau, et passent devant un atelier de maintenance, où travaille Marik, le fils de Stel et Johl.



Stel, Johl, Della et Tajo sont à bord d'un vaisseau sous-marin pour explorer les alentours de la cité à la recherche de nourriture. Ils repèrent une immense pieuvre, à même de fournir le quota de denrées qu'ils doivent ramener. Ils se mettent à la poursuivre pour la tuer, mais elle crache un nuage d'encre impénétrable, beaucoup plus dense que la normale. Le temps d'en sortir, ils se rendent compte qu'ils sont tombés dans un piège, tendus par des pirates, menés par les frères Roln et Grolm. Ces derniers disposent de l'effet de surprise et d'une puissance de feu largement supérieure. 10 ans après cet affrontement traumatisant, Marik est devenu un policier ripou, abusant des prostituées, refusant de les payer, et consommant des substances psychotropes. Stel n'a pas perdu espoir même si les morts lui pèsent encore lourd. La chance semble tourner quand ses appareillages radio de surveillance captent le retour de la sonde spatial Vaolkovic dans l'atmosphère terrestre avec des donnés qui semblent indiquer l'existence d'une planète habitable.



Ce tome commence avec une introduction de 2 pages rédigée par Rick Remender dans laquelle il rappelle l'existence de sa collaboration initiale avec Greg Tocchini, The Last Days of American Crime, sa fascination pour le concept du Soleil engloutissant les planètes du système solaire, et sa thérapie qui lui a appris à développer des pensées positives. Le lecteur découvre donc une dernière poche d'humanité vouée à une disparition totale à l'échéance de quelques années. Malgré tout, la vie continue, il faut bien manger, et certains conservent l'espoir qu'une solution pourra être trouvée, par exemple la relocalisation sur une autre planète. Parmi ces optimistes, Stel Caine participe activement à la recherche de solutions alternatives. Le lecteur habitué de Rick Remender retrouve le thème de la famille, et du poids des conséquences des actes de ses parents. Il retrouve également son goût pour la science-fiction, pour les scènes d'action spectaculaires, et pour les drames et la poisse qui peut s'acharner sur un personnage, comme elle s'était acharnée sur Heath Huston dans la série Fear Agent. D'une certaine manière, le lecteur peut donc avoir l'impression d'être en terrain connu, mais de l'autre l'auteur a choisi un personnage féminin comme protagoniste principal, dotée d'un optimisme constructif, ce qui change de d'habitude pour cet auteur.



Pour cette série, il fait équipe avec un artiste avec qui il avait déjà travaillé, pour Last days of American crime, et aussi pour des épisodes de la série Uncanny X-Force. Greg Tocchini réalise ses planches à l'infographie, mêlant traits encrés et couleurs, dans une même phase, s'appuyant sur les informations données par les couleurs pour parfois alléger ses traits de contour. L'intégration de ces 2 formes d'informations visuelles est totale et le lecteur plonge dans un monde très substantiel du fait des camaïeux de couleurs qui donnent une grande consistance aux fonds, même lorsqu'ils sont dépourvus de formes détourées. L'artiste utilise les couleurs pour ajouter des textures et du relief aux surfaces, ainsi que pour les faire ressortir les unes par rapport aux autres, accentuant la différence entre les plans, en fonction de la distance. Lorsque la tension de la scène atteint un paroxysme (par exemple pendant les combats physiques), il s'éloigne d'une mise en couleurs naturaliste, pour passer dans un registre plus expressionniste, par exemple avec des camaïeux rouges pour évoquer la violence et la brutalité. Cette utilisation de la couleur développe également une ambiance pour chaque scène, très efficace. En particulier, Tocchini déploie des teintes bleue / verte pour les scènes sous-marines qui nourrissent bien la case, et convainquent le lecteur que les personnages sont effectivement en train d'évoluer dans l'élément liquide.



Dans un premier temps, l'artiste s'investit fortement pour donner corps aux différents environnements, pour montrer les bâtiments de la cité de Salus, pour représenter les mobiliers et équipements des différents endroits, pour créer une faune spécifique autour de la cité sous-marine sous dôme, et tout autant pour l'apparence de la technologie des vaisseaux sous-marins. Il trouve le point d'équilibre parfait entre des éléments très détaillés, et d'autres plus esquissés dont le contour a été tracé à grand trait, laissant le lecteur remplir certains endroits avec son imagination. Tous les personnages disposent d'une apparence spécifique, ce qui permet de les identifier facilement, même s'ils portent une tenue sous-marine ou une armure. Le lecteur se projette donc avec plaisir dans ce monde nouveau, dans un lointain futur et un environnement rendu assez palpable pour être crédible.



Arrivé au deuxième épisode, le lecteur éprouve parfois la sensation que cet équilibre n'est pas toujours atteint. Il y a des scènes où il aimerait bien un niveau de définition plus important pour un élément technologique, des personnages dessinés plus précisément pour une scène un peu compliquée, un visage avec une expression plus parlante, et même certaines zones avec des traits peaufinés, et non pas une impression d'esquisse rapide avec ce qui ressemble à des traits de construction laissés en l'état. De ce fait, certains détails semblent perdus parce que tout juste dégrossis. Cette impression peut générer une forme de recul du lecteur, une réaction de diminution de l'intensité de son immersion, et il prend alors plus conscience de la manière dont l'artiste construit de sa planche, de la façon dont il s'économise en utilisant les couleurs pour cacher l'absence de décor, de visages dessinés à la va-vite uniquement de manière utilitaire, avec une émotion passepartout, prête à l'emploi. Dans ces moments-là, le lecteur perd son contact émotionnel avec le ou les personnages qu'il suivait, n'arrive plus à éprouver de l'empathie.



S'il a lu l'introduction de l'auteur, le lecteur n'est plus très sûr quant à quoi il doit s'attendre, du fait de la présence d'un personnage avec une attitude positive vis-à-vis de la vie. Remender réussit à faire passer le poids qui pèse sur l'état psychologique de ce qui reste de l'humanité qui se sait condamnée à court terme. Il intègre plusieurs scènes d'activité sexuelle, assez chaste car les dessins ne montrent pas les organes sexuels, juste les fesses au grand maximum, ces relations relevant soit de la débauche (une orgie) soit d'une relation amoureuse forte. Lui aussi arrive à trouver le point d'équilibre subtil pour Stel Caine, optimiste, mais accusant quand même le coup de la disparition de certains membres de sa famille. Ici, l'optimisme n'est pas synonyme de naïveté ou de gaieté forcée à tout crin. Rapidement, la dynamique de l'aventure s'installe, avec des actions périlleuses et spectaculaires. À de nombreuses reprises, les personnages principaux doivent prendre des décisions de vie ou de mort, et parier sur leurs chances (minces) de réussite. Comme avec Heath Hutson, Rick Remender semble prendre un malin plaisir à faire souffrir Stel Caine, en lui infligeant des pertes personnelles traumatisantes, dont elle porte une part de culpabilité, même si elle ne le montre pas.



De coup dur en coup dur, le lecteur finit par s'interroger sur la cohérence du récit, ou tout du moins sur la plausibilité du comportement de Stel Caine. Son optimisme est mis à rude épreuve, et ses certitudes d'une amélioration sont battues en brèche. Il devient de moins en moins crédible qu'elle puisse continuer à croire en une amélioration, en un avenir meilleur, encore que l'existence d'un avenir constitue déjà une amélioration par rapport à l'extinction proche de la race humaine. Le lecteur finit par se dire que le comportement de Stel Caine ressemble à celui du Candide (1759) de Voltaire. Il envisage alors une autre façon de lire le récit, en le prenant avec une pincée de sarcasme de l'auteur envers son héroïne. Ce n'est pas très gentil de la part de Remender, même cruel, mais ça rétablit une forme de cohérence dans la narration. Finalement l'optimisme de Stel Caine est trop constructif pour l'auteur qui n'arrive pas à l'être autant lui-même. Au cours de l'épisode 2, Stel Caine va consulter Masaje, une sorte de sage ou de guide spirituel. Ce dernier lui indique que la réalité n'est qu'une projection de ce qui vit en nous, une interprétation de ce que nous percevons biaisée par nos convictions personnelles. Remender se montre donc particulièrement cruel vis-à-vis d'elle en lui faisant conserver une forme d'optimisme immarcescible malgré les traumatismes qu'elle subit, et envers le lecteur auquel il semble dire que cette vision optimiste des choses est un miroir aux alouettes, une façon de se rassurer, mais que l'univers reste bel et bien hostile plutôt qu'indifférent.



Rick Remender & Greg Tocchini proposent une aventure originale, dans un monde courant rapidement à sa perte provoquée par l'évolution du Soleil qui rend la Terre inhabitable pour les humains. Ils ont développé un environnement riche et intriguant, des personnages immédiatement attachants. En fonction de sa sensibilité, le lecteur peut cependant regretter le parti pris artistique dans certaines pages, ainsi que le ton de la narration concernant l'héroïne, l'auteur se montrant cruel, presque vicieux à son encontre.
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Low, tome 1 : L'ivresse de l'espoir

Le soleil se meurt. La terre aussi, fatalement. Le pessimisme le plus total avoisine la folie et les perversions les plus débridées. L'expression "fin de siècle" n'a jamais aussi bien porté son nom.



Au sein de cette morosité ambiante se dresse la famille Caine. Et dans la famille Caine, je réclame la mère... Stel. Elle, c'est une indécrottable optimiste. Elle croit dur comme fer qu'une issue favorable pour l'être humain est encore possible.



Les péripéties de ce premier tome, mari torturé, filles enlevées par un pirate de l'espace tyrannique et dément, fils flic condamné pour meurtre et extorsion de fonds... vont sérieusement entamer l'optimisme de Stel. Mais le retour d'une sonde envoyée chercher un monde meilleur va la propulser en avant...



J'ai lu cette BD en version électronique. Or, les planches débordent largement du cadre de la page, Les dessins sont gigantesques, se développant sur 2 pages et où des inserts de baladent un peu partout. Le tout rehaussé de couleurs vives. Ce genre de mise en page m'a rappelé le Druillet des années 70. Le dessin est la grande force de la BD. Cependant il est parfois dur à discerner avec des effets flous qui perturbent la reconnaissance des visages. Le scénario est assez conventionnel. Le monde créé se base suffisamment sur la culture SF traditionnelle pour être rapidement compris.
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Low, tome 3

Les éditions Urban produisent un travail remarquable en proposant l’intégralité des couvertures US, un résumé des épisodes précédents salutaire, des interviews et biographies des auteurs ainsi que quelques illustrations préparatoires. C’est très très complet, d’une maquette élégante et adaptée à chaque série. Le bouquin est au format américain en couverture mat avec la désormais traditionnelle tranche noire commune à tous les livres Urban (qui mériterait peut-être d’évoluer au moins dans les collections Indies…). Très classe.



Sur une terre à l’agonie, brûlée par son soleil devenu une géante rouge, l’humanité s’est réfugiée voici des millénaires au fond des océans, créant de nouvelles civilisations alors que des créatures mutantes apparaissaient.



L’héroïne est une scientifique d’un optimisme débordant (l’exacte opposé du Grant MacKay de Black Science, l’autre série de Rick Remender) qui a repéré le retour possible d’une des sondes envoyées il y a longtemps dans l’espace à la recherche d’une planète habitable. Dans son odyssée vers la surface elle va se retrouver confrontée au destin tragique de sa propre famille. Dans les deux premiers volumes (très différents), Stel naviguait entre espoir et désespoir, voyant sa famille éclatée puis réunie mais subissant les années et l’éloignement. Dans le volume trois elle aboutit enfin à la surface et y découvre une terre encore plus hostile que les océans.



Low est sans doute l’une des séries Urban dotée des couvertures les plus attrayantes. Coloriste incroyable utilisant des nuances très puissantes Greg Tocchini propose (comme souvent chez les illustrateurs américains) des mises en scènes qui ne donnent qu’une envie, celle de « plonger ». A l’intérieur le choc peut être rude et son style mérite de le digérer avec attention.



L’illustrateur utilise des effets de loupe pouvant distordre les traits et ses dessins peuvent par moment paraître non finis (peut-être une mode, que l’on pourra trouver par exemple chez Bastien Vivès). Pourtant l’on ne peut pas dire qu’il abandonne ses arrière-plans tant ses cases fourmillent de détails (ce qui peut poser problème sur un format américain, asses compact). Sa maîtrise technique est pourtant impeccable et tant le design général qui a demandé un énorme travail de cohérence (inventer les civilisations qui existeront dans plusieurs millénaires!) que les corps des personnages, tout est in fine magnifique. C’est une histoire de goût et certains n’accrocheront pas, mais je vous assure que cela vaut la peine d’insister et de se plonger dans l’histoire shakespearienne de la famille Caine magnifiquement écrite par Rick Remender, l’un des scénaristes les plus intéressants du moment aux USA.



Ce drame joue au yoyo entre situations totalement désespérée et immense espoir porté par une héroïne très attachante en mère protectrice. Les auteurs présentent une panoplie de vaisseaux sous-marins, d’armements empruntant vaguement à l’Asie (le scaphandre aux allures d’Ange est une grande réussite et presque un personnage à lui seul). Les sociétés isolées sous des dômes ont chacune suivi un chemin différent, de l’hédonisme antique à une organisation collective stalinienne ou des clans pirates décadents… Les humains ont développé une technologie de l’eau mais ne sont que de frêles créatures face aux léviathans qui peuplent les fonds des mers. L’art de la rupture est consommé chez le scénariste et chaque album a une unité spécifique, ne serait-ce que par le temps qui sépare l’intrigue de chaque volume. Les séquences d’action sont en outre très bien menées, avec une mention spéciale à l’évasion du tome 2, séquence d’action parmi les plus impressionnantes qu’il m’ait été donné de voir en BD (que l’on peut même rapprocher de l’acmé du genre à savoir Appleseed de Shirow).



Cette série (que l’on espère en durée courte pour ne pas diluer cette densité) est une équipée d’auteurs pas vraiment grand-public mais d’une grande intelligence. Une BD qui se mérite mais qui vous le rend bien, comme pour Tokyo Ghost que j’ai chroniqué il y a quelques temps.


Lien : https://etagereimaginaire.wo..
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Section Infini, tome 1 : Perdu dans le temps

Le sujet avait de quoi être intéressant avec ces voyageurs dans le temps. C’est devenu à la mode et assez galvanisé. Là, on reprend l’idée d’un roman à succès à savoir la trilogie des gemmes (rouge rubis, bleu saphir et vert émeraude) avec une société secrète chargée de réguler les anomalies. Bref, ce n’est pas vraiment très original. C’est toujours du réchauffé. Il manque l’idée qui ferait la différence.



On commence surtout avec une confusion de perspective géographique à savoir Urville en 1907 mais dans un décor typiquement américain avec un journaliste travaillant pour un média anglo-saxon puis quelques pages plus loin à la gare Saint-Lazare de Paris avec le même personnage. On n’arrive pas à comprendre car c’est point subtil. J’apprendrais plus tard qu’il s’agissait de la Normandie. Il fallait deviner.



Par ailleurs, je n’ai pas du tout apprécié le dessin. Il m’apparait comme flou et brouillon. Il n’y a aucune perspective. On ne reconnait pas les personnages. Le trait du dessin n’a aucune grâce. Bref, c’est dénué de talent à mon sens. Cette lecture ne m'a pas été agréable.



Bref, la suite sera sans moi. Il y a 4 volumes qui doivent former la série. Bon courage à ceux qui vont découvrir section infini…
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Low, tome 1 : L'ivresse de l'espoir

Après le thème de la responsabilité du parent dans Black Science et l’exploration à la sauce shônen punk dans Deadly Class, REMENDER développe avec Stel Caine un personnage positif à l’extrême, de ceux capables de soulever des montagnes et, ici, de sauver l’Humanité d’une disparition certaine.
Lien : http://www.bdgest.com/previe..
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Low, tome 1 : L'ivresse de l'espoir

Premier tome de la pentalogie Low, cette Ivresse de l'espoir porte bien son nom !



Dans un futur bien pourrave, l'humanité survit cahin-caha dans les profondeurs, les radiations du soleil étant devenues létales.

Le temps est compté et l'espoir réside dans la découverte d'un nouvel horizon. Stel, scientifique au cœur de cette histoire familiale, ne veut pas renoncer et s'accroche au moindre signe. Et d'ailleurs une sonde revient sur Terre...



Dans l'avant-propos, Rick Remender raconte la genèse de cette histoire. Et sa volonté farouche de raconter une histoire positive. L'espoir c'est bien, mais là ça confine un peu à la naïveté.

L'univers développé est néanmoins plutôt plaisant et les designs sont intéressants.

Le dessin de Greg Tocchini est virevoltant et les couleurs ébouriffantes.



À suivre !
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Low, tome 2

Ce tome fait suite à Low, tome 1 : L'ivresse de l'espoir (épisodes 1 à 6) qu'il faut avoir lu avant pour comprendre le récit et savoir qui sont les personnages. Il comprend les épisodes 7 à 10, initialement parus en 2015, écrits par Rick Remender, dessinés et encrés par Greg Tocchini. La mise en couleurs de l'épisodes 7 est effectuée par Tocchini, celle des épisodes 8 à 10 est réalisée par Dave McCaig. Le tome se termine avec une couverture variante réalisée par Rafael Albuquerque, ainsi que 6 pages de crayonnés.



Épisode 7 - Dans la cité de Voldin (la deuxième cité sous-marine par ordre d'importance, après celle de Salus), la ministre de la police Della Dvonyen se dispute avec Torjvic, une artiste et son amante, car cette dernière est en train de peindre un lieu secret. Della jette sa peinture dans l'incinérateur, malgré le fait que Torjvic était prête à le faire après l'avoir achevée. Une fois la scène avec son amante terminée, Della Dvonyen prend son service et accomplit un raid sur une imprimerie clandestine diffusant de la propagande d'espoir.



Rick Remender n'est pas toujours prévenant à l'égard de ses lecteurs. Cet épisode débute avec une scène de ménage, entre une jeune femme uniquement vêtue d'une petite culotte bleue, et une autre totalement habillée portant une chapka d'un blanc immaculé. Leurs noms ne sont pas mentionnés de tout l'épisode, ni même celui de la cité. Il faut attendre l'épisode 9 pour avoir des éclaircissements sur la manière dont ces 2 femmes se rattachent à l'intrigue générale qui est donc laissée en plan le temps de cet épisode. Par contre, le lecteur comprend tout de suite comment il se rattache à la série d'un point de vue thématique. Dans cette ville, le gouvernement a mis en œuvre une police répressive ayant pour mission d'endiguer tout message d'espoir de crainte que la population n'y croit. La trame du récit est assez basique : Della Torjvic fait partie de ces forces de l'ordre chargée d'anéantir toute tentative de susciter l'espoir par les médias clandestins, et dans le même temps elle est amoureuse d'une artiste rebelle. Le lecteur perçoit ce paradoxe comme un aveu de l'indissociabilité de la vie et de l'espoir.



Greg Tocchini assure à nouveau l'intégralité de la partie visuelle. Son approche artistique n'a pas changé : des formes souvent détourées à grand trait, avec une mise en couleurs complexe associant des aplats très précis rehaussés de dégradés à l'infographie, du coloriage à grand coup de pinceau d'épaisseur moyenne, et des tâches de couleurs vives. Cette mise en couleurs sophistiquée habille les formes et leur donne une consistance remarquable, tout en rendant compte de la perception sélective de ce qui l'entoure par l'œil humain. Le lecteur a l'impression de pouvoir toucher les poils de la chapka, le grain de la peau de Della et de Torjvic, la consistance de la peinture sur le pinceau de cette dernière, la froideur stérile des cloisons de l'appartement de Torjvic. En outre, Tocchini joue sur la forme des cases pour le découpage des planches, afin d'accentuer le rythme de la narration, par des cases plus petites et plus nombreuses pour accélérer le rythme de lecture, avec des cases de la largeur de la page de petite hauteur pour donner l'impression d'une succession rapide de mouvements dans un espace contraint, avec des cases plus grandes pour attester de l'importance du moment. Comme dans le premier tome, cet épisode met en scène la nudité des 2 femmes, dans des circonstances différentes (pour être à son aise, pour prendre une douche) avec une forme de chasteté du fait de l'absence de détails anatomiques ou de gros plans.



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Épisodes 8 à 10 - Des créatures mi-guêpe, mi-humain, torturent une créature mi-rat mi-humain, jusqu'à ce qu'elle donne naissance à des larves. À bord de leur vaisseau sous-marin, le trio formé par Stel Caine, Zem et Mertali poursuit sa progression vers la sonde. Stel est rongée par le doute après la perte d'un être cher subie quelques heures auparavant et la découverte de l'état d'une de ses filles. Elle commence à penser que son positivisme quantique relève d'une vaste fumisterie. Zem lui raconte sa propre histoire personnelle, et la manière dont le positivisme qu'elle a inculqué à son fils Marik l'a sauvé, lui Zem, du désespoir de sa propre situation, mais aussi des crimes dont il s'est rendu coupable. Mertali réagit violemment aux aveux des crimes de Zem, tentant de le tuer. Partie seule à la recherche de sa fille Tajo, Sel Cain se retrouve face à une sirène vampire. La position de Della Dvonyen/Cain au sein de la police est devenue intenable et elle tombe dans un guet-apens.



Décidément, Rick Remender n'épargne rien à son lecteur. Il revient au fil narratif principal, avec les aveux de Zem, en présence d'une autre créature qui n'avait pas eu droit à beaucoup de cases dans le premier tome, et qui finit elle aussi seins nus (mais pourquoi ?, d'ailleurs la sirène aussi) mais toujours sans détail ni gros plan. Il y a cette sirène vampire qui arrive comme un cheveu sur la soupe, un détour par la situation de Della (Ah, oui ! C'est sa fille), et la scène totalement cryptique avec les créatures mi-guêpe, mi-humain (non, là je ne vois pas). Le lecteur n'a bien sûr pas d'autre choix que de prendre les séquences comme elles viennent, en croisant les doigts pour être capables de raccrocher les wagons. Effectivement tout se tient au final, sauf ces créatures mi-guêpe, mi-humain (sûrement dans un prochain tome…). Pour autant la lecture délivre son quota de divertissement. En particulier, l'épisode 9 est constitué pour moitié (10 pages) de 2 scènes de combat spectaculaire, avec un enchaînement de mouvements remarquable pour la première, et une puissance de feu spectaculaire pour la seconde. Les auteurs remettent le couvert pour l'épisode 10 avec une scène d'affrontement physique sous-marin de 14 pages sur 25 au total. À nouveau Tocchini réalise une mise en scène épatante pour un enchaînement logique des différents coups, des différentes parades, de l'irruption d'autres combattants, tout ça sous l'océan.



Le lecteur constate tout de même que les dessins ont un peu perdu en consistance. Ce n'est pas criant, mais en fait la mise en couleurs est redescendue d'un cran en termes de substance. Dave McCaig utilise bien le même amalgame de technique que Tocchini, mais moins systématiquement, avec une sensibilité légèrement amoindrie. Certains camaïeux en fond de case se révèlent moins complexes, moins riches, diminuant d'un ou deux degrés la consistance des décors, laissant apparaître par endroit la technique qui consiste pour le dessinateur à se focaliser sur les personnages, sans se préoccuper des arrière-plans. McCaig n'utilise pas la technique consistant à appliquer une couleur comme avec un grand coup de pinceau pour une impression plus organique.



De son coté, Greg Tocchini affine un peu plus ses crayonnés par endroit, ce qui dans ces cas-là accentue un peu le décalage entre les cases avec des contours peaufinés et une mise en couleurs riche, et celles avec des contours plus esquissés et une mise en couleurs moins complexe. La complémentarité entre dessins et couleurs fonctionne mieux pour les scènes de combat physique et moins bien pour les scènes de dialogue. Le ressenti du lecteur dépend de la manière dont il s'était accoutumé aux pages dessinées et colorisées par Tocchini. Si ce mode narratif avait fini par lui paraître cohérent, il regrette d'autant plus la mise en couleurs un peu dégradée de Dave McCaig. S'il n'avait pas réussi à être en phase avec ce mode de représentation, il apprécie plus les cases avec une apparence traditionnelle, sans pour autant pouvoir plus s'habituer aux autres. Au global, la narration visuelle de Greg Tocchini reste inventive dans le découpage des planches en case, à chaque fois adaptée à la nature de la séquence, et par es plans de prise de vue.



Au fil de ces 3 épisodes, le lecteur reprend pied dans l'intrigue principale : il est question de retrouver la sonde contenant peut-être des informations cruciales sur une autre planète habitable, et les différents membres de la famille Cain (ceux encore vivants) apparaissent. L'histoire avance, avec toujours autant d'embûches. Au fil des séquences, il retrouve également les thèmes présents dans le premier tome, à commencer par le pouvoir de la pensée positive (mais aussi ses limites), les valeurs humanistes (à commencer par l'empathie et l'attention portée à autrui), le pardon, la rédemption, l'élan vital, et l'espoir plus fort que tout. Comme dans le premier tome, le lecteur peut être tenté de trouver que Remender & Tocchini en font de trop, que les personnages doivent faire face à des drames trop sadiques, à des choix trop cornéliens, à des situations où ils ne peuvent souvent que perdre. Il peut alors considérer ce récit comme un drame quasi shakespearien, ou penser que le scénariste joue à fond la carte du malheur jusqu'à l'exagération de telle sorte que le lecteur puisse y voir une farce noire et sadique. Dans les 2 cas, cette lecture incite à se confronter à ses convictions morales, à ses propres motivations face à l'absurdité existentielle, à remettre en question ses priorités, ce qui a le plus d'importance à ses yeux.



Rick Remender et Greg Tocchini sont rejoints par Dave McCaig qui prend en charge la mise en couleurs à partir de l'épisode 8. Il apparaît que les créateurs ont un récit et un monde bien développé avec une idée claire de la direction de leur récit. Il est possible que cette direction ne soit pas aussi évidente à distinguer pour le lecteur, et que la mise en images le déstabilise, voire le rebute par instant. Dans le même temps, les auteurs ont concocté des séquences d'action épatantes, des situations inventives et surprenantes, et font souffrir leur personnage principal de telle sorte à ce que le lecteur éprouve une grande empathie pour elle. Même si la forme est parfois contrariante, l'histoire livre son quota de divertissement et aborde des questions de fond sur les valeurs morales et le sens de l'existence.
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Low, tome 1 : L'ivresse de l'espoir

J'étais séduite par le résumé de cette bande dessinée mais je ne l'ai pas appréciée du tout, les dessins ne me plaisent pas, trop fouillis et trop de couleurs, cela nuit beaucoup à la compréhension générale. C'est dommage.
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1602, tome 2

Quelle déception ! Beaucoup moins bon que le premier. Mieux vaux s'abstenir.
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The Last Days of American Crime, Tome 3 :

Suite et fin de cette excellente trilogie écrite par Rick Remender et dessinée par le brésilien Greg Tocchini.



Afin d’endiguer la criminalité, le gouvernement projette de supprimer l’argent papier, de contrôler toutes les transactions électroniques et d’émettre un signal sensé empêcher tout citoyen d’enfreindre la loi. Les derniers jours du crime américain ont sonné !



Ce compte à rebours de deux semaines, qui annonce la fin du banditisme et du terrorisme aux States, est le moment choisi par une petite frappe pour perpétrer un dernier gros coup avant de fuir le pays. Obligé de changer de partenaires suite à la trahison de son allié mexicain, Graham Bricke s’adjoint les services de Kevin Cash et de la belle Shelby Dupree. Mais il ne reste que quelques jours pour peaufiner le dernier casse de l’histoire des Etats-Unis.



L’auteur de « Fear Agent » et « Gigantic » délaisse donc la science-fiction pour s’essayer avec brio à une histoire de gangsters. Issue d’une maison d’édition moins connue, nommée Radical, ce comics respecte tous les codes du polar noir et plonge le lecteur dans une Amérique au bord du gouffre. S’appuyant sur les poncifs du genre (l’ultime braquage, la femme fatale, les bars enfumés et le barman bonne poire, …) le scénariste évite cependant le piège des stéréotypes et livre des truands hauts en couleurs qui ont tous leurs secrets et des desseins pas forcément compatibles.



Après avoir présenté les personnages et posé les bases de ce dernier hold-up lors du premier tome et avoir multiplié les embûches lors d’une suite bien plus rythmée, l’heure du dernier casse a bel et bien sonné. L’auteur multiplie les embûches et enchaîne les rebondissements lors de ce final qui est encore plus porté sur l’action. Enlèvements, poursuites, violence, fusillades, trahisons et un soupçon de sexe parviennent à tenir le lecteur en haleine jusqu’à la dernière page. Chaque dialogue fait mouche et l’ambiance futuriste pleine de désillusion est extrêmement prenante. Partant d’une accroche originale et porté par une narration très efficace, le récit ne manque donc pas d’atouts.



L’auteur poursuit également son excellent travail au niveau des personnages, permettant aux lecteurs d’en apprendre un peu plus sur Graham, Shelby, and Kevin. En approfondissant la relation que Graham entretient avec sa mère, il lève également le voile sur les motivations finales du braqueur. S’il accentue également le côté psychopathe de Kevin, il en profite cependant pour fragiliser le personnage de Shelby. Il exploite également très bien les desseins secrets de cette dernière, ainsi que le triangle amoureux Graham-Shelby-Kevin, afin de réserver un twist final hollywoodien à ce polar d’ambiance.



Au niveau de l’atmosphère, il faut d’ailleurs saluer la superbe couverture d’Alex Maleev et le graphisme de Greg Tocchini. Usant de tons sombres et chauds, triés sur le volet, le talentueux dessinateur distille une ambiance glauque et envoûtante qui se place au diapason de cet univers sans véritables perspectives. Embourbé dans les bas-fonds d’un pays qui part en vrille, il parvient à faire ressortir toute la noirceur de cette ville qui profite des derniers instants du mauvais côté de la loi.



Un dernier tome qui confirme tout le bien que l’on pensait de cette saga, laquelle fait un véritable carton outre-Atlantique et ne manquera pas de plaire à ceux qui ont su apprécier le « Criminal » d’Ed Brubaker.
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Low, tome 3

Ce tome fait suite à Low, tome 2 (épisodes 7 à 10) qu'il faut avoir lu avant. Il faut avoir commencé par le premier épisode pour pouvoir comprendre qui sont les personnages et quels sont leurs objectifs. Il comprend les épisodes 11 à 15, initialement parus en 2016, écrits par Rick Remender, dessinés et encrés par Greg Tocchini, mis en couleurs par Dave McCaig.



Della & Tajo Caine arrivent à proximité de la cité sous-marine de Salus, Tajo ayant revêtu l'armure familiale. Elles réussissent à accéder aux appartements de la famille sans se faire repérer par personne, sauf de Lena, une jeune femme, qui se rend compte de leur passage du coin de l'œil. Tajo et Della peuvent pénétrer dans les appartements de la famille car l'ouverture de la porte est toujours programmée pour s'activer à la présence de Della. Elles passent par les appartements de leur mère où flottent encore des bulles holographiques avec des images de leur famille. Elles déclenchent même l'enregistrement vidéo réalisé à l'occasion d'une tentative de photo de famille. Tajo ne comprend pas que sa sœur Della reste insensible à ces souvenirs. Elles commencent à se disputer, et Della indique clairement que l'optimisme systématique de leur mère Stel n'a jamais apporté rien de bon aux membres de la famille, en tout cas n'a jamais empêché aucune catastrophe. Excédée, Della finit par ressortir pour une destination inconnue.



Pendant ce temps sous le dôme de Voldin, le czar Dvonyen est informé que ses agents ont retrouvé une lettre de Della sur le site du vol d'œuvres d'art indiquant que les circonstances l'ont obligé à tuer le lieutenant Wesal et qu'elle a pris sur elle d'infiltrer Salus pour accéder à la sonde et prouver qu'elle ne contient aucune information susceptible de susciter un espoir quelconque. Tajo Caine se rend dans la chambre de Della pour se souvenir de leur enfance. Elle est interrompue dans ses réminiscences par Lena qui se montre et lui déclare être sa sœur. Les deux jeunes femmes évoquent la vie de Marik autour d'une tasse de café. Pendant ce temps-là, Della s'est rendue au temple du Masaje pour s'entretenir avec lui. Elle souhaite évoquer avec lui la philosophie de l'espoir qu'il a inculqué à leur mère et qui n'a jamais apporté rien de bon.



C'est reparti pour une intrigue en montagnes russes, passant de situations où l'espoir est permis, à des situations catastrophiques où la survie des personnages principaux est remise en question, où ils vont subir les pires tourments physiques et psychiques. Le lecteur se souvient des tomes précédents, et en particulier de ce mélange improbable entre drame et dérision, laissant le lecteur sans savoir sur quel pied danser entre la commisération et une forme de raillerie. Du coup, il ne sait pas trop à quoi à s'attendre si ce n'est des coups de théâtre et des retournements de situation, personnages trahis et blessés aussi bien physiquement qu'émotionnellement, retours inattendus de personnages crus morts, et avancée chaotique de l'intrigue. Pour les épisodes de ce tome, Rick Remender a choisi de suivre 2 fils narratifs : celui de Della et Tajo (accompagnées par la nouvelle venue Lena), celui de Stel Caine accompagnée de Zem & Mertali. Le lecteur apprécie que les 2 sœurs soient réunies et qu'elles disposent de temps pour échanger, pour se retourner sur leur parcours respectif et faire le constat que leur vécu personnel a fait évoluer leurs valeurs dans des directions différentes. Il regarde arriver Lena avec un a priori dubitatif quant à la réalité de ses intentions et même de ce qu'elle raconte. Dans ce fil narratif, la défiance est de mise car l'une des sœurs ne joue pas franc jeu, mais plutôt double jeu, voire triple jeu, voire n'ayant en tête que son intérêt personnel et changeant d'allégeance en fonction de là où elle se trouve.



Du point de vue de l'intrigue, le second fil narratif apporte plus de récompenses au lecteur. D'une part, le fil directeur principal avance de manière significative puisque Stel et Zem ont atteint la surface et se rapprochent de la sonde qui contient vraisemblablement des informations sur un monde habitable, un espoir de survie pour l'humanité. D'autre part, le lecteur a le plaisir de retrouver les créatures mi-guêpe, mi-humain, qui torturaient une créature mi-rat mi-humain, jusqu'à ce qu'elle donne naissance à des larves, au début de l'épisode 8. Dans ce fil comme dans l'autre, il survient des retournements de situation majeurs qui donnent l'impression d'être soit arbitraires (un personnage en poignardant un autre en plein ventre), soit trop radicaux (un personnage se mourant d'une exposition prolongée à un trop fort taux de radiation). Pour le cas particulier de ces 2 blessures, le lecteur ne peut faire autrement que de constater que le scénariste prend un malin plaisir à prolonger la vie de ces 2 personnages au-delà de ce qui semble possible au vu de la souffrance qu'ils endurent, de la nature de leur blessure. À nouveau, Remender donne l'impression de pousser son récit vers la farce avec ce genre d'exagération. Dans le même temps, le lecteur ressent une réelle empathie pour ces personnages, le plaçant dans une situation émotionnelle irrésoluble, entre peine émotionnelle et mouvement de recul le faisant sortir du récit.



Pour ce troisième tome, Greg Tocchini a décidé de reconduire la répartition du tome précédent : il réalise les dessins qu'il encre lui-même, vraisemblablement le tout à l'infographie, charge à Dave McCaig d'habiller les contours ainsi délimités. Globalement, l'artiste réalise des dessins au détourage plus poussé, plus précis que ceux des épisodes du tome précédents. Le lecteur n'éprouve plus cette impression de tracé fait à la va-vite, comme une esquisse pas finie. Tocchini utilise aussi bien des traits très fins pour délimiter les contours, que des traits plus gras pour donner du relief, et des aplats de noir pour donner plus consistance à certaines formes. Comme depuis le début du récit, l'intrigue met en œuvre des concepts de science-fiction, et là encore, le lecteur peut apprécier le sens de la conception graphique du dessinateur. Il observe avec plaisir les évolutions sous-marines de Della et Tajo en armure méchanoïde, les projections holographiques de photographies souvenir, les constructions délabrées à la surface de la planète, la magnifique apparition et l'évolution aérienne des créatures mi-papillons, mi mécaniques, la vue d'ensemble de l'accès à la citadelle des créatures mi-guêpes, mi-humaines. Dans le même temps, il remarque aussi que Greg Tocchini s'investit de manière très variable dans les décors, parfois bien décrit, parfois totalement absents plusieurs pages durant en particulier dans le dernier épisode au cours d'une succession d'affrontements physiques.



Même si la conception graphique du monde dans lequel évoluent les personnages a été réalisée en concertation entre le scénariste et le dessinateur (et peut-être même pour jouer sur les envies ou les points forts de ce dernier), le récit en lui-même impose la nature des séquences à représenter. Greg Tocchini se retrouve donc à mettre en images des scènes d'exploration, sous-marines ou terrestre, des dialogues porteurs d'émotions exacerbées, et des affrontements physiques. Pour la première catégorie, il sait prendre le recul nécessaire pour que le lecteur puisse profiter du spectacle. Pour les échanges de propos, il aime bien se focaliser sur le visage des personnages, souvent avec des émotions nuancées, et en mettant en avant le langage corporel dans les postures et les gestes décrits. Les plans de prise de vue des combats permettent de comprendre l'enchaînement des gestes et de voir la violence des coups portés, au point parfois que le lecteur ne puisse pas croire que le personnage soit capable de s'en relever. Dave McCaig effectue une mise en couleurs plus sage que celle de Tocchini dans le premier tome, moins texturée, mais bien adapté. Il sait rendre compte de la forte luminosité sur à la surface de la Terre, des ténèbres des profondeurs sous-marines. Il fait ressortir les différentes formes les unes par rapport aux autres, mais il ne peut pas pallier l'absence d'arrière-plan quand elle dure pendant plusieurs pages.



Bien évidemment, dans ce tome, Rick Remender continue à développer le thème principal de la série : l'optimisme. Della profite de l'occasion de se confronter avec Masaje pour lui dire toute la souffrance que l'optimisme de sa mère a généré, les conséquences d'espoirs fallacieux. Dans le dernier épisode, un personnage expose comment un individu peut se nourrir de l'optimisme d'un autre, comment l'optimisme d'autrui peut l'aider à tenir le coup, à affronter les difficultés et les obstacles. Le scénariste met plusieurs comportements au regard de la fin imminente de l'humanité (à l'échelle de quelques mois) : la volonté de se lancer dans une guerre (une volonté de destruction ridicule au seuil de l'anéantissement de la race humaine), le plaisir de retrouver ce qu'il reste de la surface terrestre (parce que c'est mieux que rien), le travail de sape inéluctable de l'entropie (comparé à une forme de rouille profonde sans retour en arrière possible). Confrontés aux épreuves de la vie, les personnages évoquent également l'obligation de prendre du temps pour faire son deuil d'un proche, l'espoir qui rend la projection dans le futur plus supportable, la dépendance affective et émotionnelle qui rend la manipulation et la traîtrise plus facile. À nouveau la pensée positive est surtout présentée comme une obligation pour faire face à la réalité bien sombre de l'existence et la certitude de la mort.



Tout d'abord, ce troisième tome donne l'impression de corriger le tir : l'intrigue progresse plus et les dessins sont plus consistants. Bien sûr cela provient du fait que Dave McCaig et Greg Tocchini ont pu ajuster les paramètres de leur collaboration, et Rick Remender peut tirer parti des éléments qu'ils ont exposés et développés précédemment. Le lecteur s'est également accoutumé au parti pris un peu schizophrénique de la narration (entre drame et farce). Il découvre donc une aventure plus consistante, à la fois sur le plan graphique et sur le plan de l'intrigue, avec plus de profondeur thématique et plus de sensibilité. Dans le même temps, il peut continuer à être déstabilisé par certaines exagérations, à commencer par la résistance à la douleur et aux blessures des personnages, ou l'apparition incongrue d'animaux anthropomorphes.
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Low, tome 1 : L'ivresse de l'espoir

Après « Fear Agent », « Black Science » et « Deadly Class », Rick Remender nous propose un nouveau récit de science-fiction plutôt original, se déroulant aux tréfonds des abysses. Ce premier volet, reprenant les six premiers épisodes de la saga, nous invite à découvrir une Terre ravagée par les rayons destructeurs d’un Soleil qui vit ses dernières heures. Condamnée à s’éteindre, l’Humanité s’est réfugiée au fin fond des océans, dans de gigantesques cités sous-marines.



L’univers sous-marin et post/pré-apocalyptique imaginé par Rick Remender n’a donc rien de réjouissant. Outre une Terre inhabitable et les menaces que représentent la faune aquatique et les pirates des océans, il faut également faire face à la déchéance et à la décadence qui règnent au sein de cités menacées d’asphyxie. Une lente agonie et une fin inéluctable poussent en effet les habitants à la dépravation…



Pourtant, au milieu de ce chaos et de ce pessimisme, Rick Remender invite à suivre les pas d’une héroïne foncièrement optimiste, bien décidée à ne jamais baisser les bras. Plaçant son espoir dans les sondes envoyées dans l’espace à la recherche d’une planète habitable, Stel Caine cherche désespérément une solution pour sauver l’Humanité. Multipliant les rebondissements et centrant son récit autour de l’optimisme et de la famille, l’auteur livre un récit prenant et une héroïne aussi surprenante qu’attachante.



De plus, l’auteur s’est à nouveau associé à l’artiste brésilien avec qui il avait déjà réalisé l’excellent « The Last Days Of American Crime ». Le style parfois un peu difficile à saisir de Greg Tocchini peut certes surprendre, mais le dessinateur parvient néanmoins à planter une ambiance comme peu s’avent le faire. Alors, cela peut certes prêter à confusion au départ, mais il serait dommage de ne pas se laisser happer par le graphisme et le talent du dessinateur.



Avec de surcroît un premier tome proposé à dix euros… n’hésitez pas à foncer !
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Uncanny X-Force, tome 3

Ce tome contient les épisodes 20 à 24 et 19.1, parus en 2012.



Épisodes 20 à 24 (illustrations de Greg Tocchini pour 20 à 23, Phil Noto pour 24, mise en couleurs de Dean White) - Dans une autre dimension de nature mystique, se trouve Otherworld qui abrite le siège du corps d'armée des Captain Britain, les gardiens de l'omnivers (l'ensemble de tous les univers parallèles). Brian Braddock (le Captain Britain de la Terre 616, celle qui correspond à l'univers principal Marvel) a invité d'office Betsy Braddock (sa soeur, c'est à dire Psylocke) et Jean-Philippe (Fantomex, ou encore Charlie Cluster-7) pour le juger, car il est accusé du meurtre qu'il a commis dans "The Apocalypse solution. Brian en profite pour demander à Betsy de réintégrer le Corps des Captain Britain car Otherworld est en guerre contre la Chèvre (Goat) qui souhaite s'emparer de la Tour Omnivers. Alors que Wolverine, Nightcrawler (celui de Age of Apocalypse) et Deadpool s'entraînent en salle des dangers, Ultimaton (Weapon XV) vient les avertir que Psylocke et Fantomex ont été enlevés. Ils décident de se rendre à Otherworld grâce à Gateway, le téléporteur aborigène.



En 1976, Chris Claremont et Herb Trimpe créent le personnage de Captain Britain, uniquement pour le marché anglais. Ses aventures seront reprises par différents scénaristes et dessinateurs dont Alan Moore, Jamie Delano et Alan Davis, toujours pour le marché anglais (voir Captain Britain omnibus). C'est au cours de ces épisodes qu'il intègre le corps des Captain Britain et qu'il devient le gardien de l'omnivers. Chris Claremont introduira le personnage sur le marché américain en 1978 dans un épisode de "Marvel team-up" (réédité dans Spider-Man (Marvel team-up)). Puis il l'intégrera dans une nouvelle équipe de mutants Excalibur dans The Sword is drawn. Enfin Claremont ramène Otherworld et l'omnivers avec l'aventure d'Excalibur appelée Cross-time Caper.



Il vaut mieux que le lecteur soit familier de ces éléments de continuité de Captain Britain s'il veut pouvoir saisir tous les enjeux de cette histoire. Rick Remender (le scénariste) continue donc sur sa lancée qui consiste à reprendre des références pointues de la continuité Marvel pour alimenter les aventures de X-Force. Il scinde l'équipe en 2 et plonge les 2 parties immédiatement au coeur de l'action. Les pages 3 & 4 forment une double page détaillant une scène de carnage. Le rendu est saisissant car Tocchini utilise un style un peu chargé, avec des traits assez gras, des détails de cadavres déchiquetés attestant de la violence des combats, et les survivants qui viennent en aide aux blessés et qui tentent de récupérer ce qui peut l'être. Cette vision correspond à une approche graphique très personnelle où l'illustrateur sait trouver le juste milieu entre ce qu'il montre et ce qu'il suggère, mais aussi il a une conception du champ de bataille assez élaborée pour ne pas se contenter que quelques clichés inoffensifs.



Dès le premier épisode également, le procès de Fantomex débute, sous la houlette d'Opal Luna Saturnyne, et Jamie Braddock se charge des fonctions de procureur. Remender a conçu un scénario rapide qui ne laisse pas de répit au lecteur qui découvre à la fois l'impact de l'exécution commise par Fantomex, l'état de siège d'Otherworld, la nature de l'ennemi, l'existence de rebelles et d'autres factions sur Otherworld, l'apparition d'un autre rescapé du programme Weapon Plus, etc. Beaucoup de bruit et beaucoup de fureur. Remender arrive à glisser quelques moments de dialogues jusqu'à la résolution finale et l'épilogue (épisode 24) lors du retour sur terre. Sous réserve que le lecteur ne se perde pas dans cette large distribution de personnages, il passe de champs de batailles en confrontations brutales (avec une scène bien gore, et un moment Deadpool où l'ultraviolence sert de ressort comique), avec des liens qui se tissent petit à petit entre les membres de X-Force. La narration de Remender dispose de 2 grands atouts : la rapidité du récit et sa capacité à dépeindre ses personnages sous un jour adulte. Wolverine et les autres ne passent pas leur temps à se lamenter ou à s'angoisser ; ils prennent des décisions difficiles et assument les conséquences de leurs actes. Cette narration présente toujours la même impression de recyclage d'anciens personnages que Remender ne semble pas vouloir vraiment développer (à l'exception de Nightcrawler), comme s'il ne souhaitait pas introduire d'éléments nouveaux. Enfin l'attaque dont Otherworld fait l'objet est cantonnée à cette histoire et semble surtout là pour justifier artificiellement la conclusion du récit.



La narration graphique de Tocchini est également très personnelle et présente des particularités très fortes. Il avait déjà travaillé avec Remender sur The last days of american crime. Il a un style assez éloigné des superhéros habituel et du photoréalisme. Il préfère un dessin qui porte les sensations et les sentiments. Il aime bien les cadrages penchés qui accentuent un mouvement ou la bizarrerie d'une situation. Et il a une façon peu commune d'utiliser l'encrage pour détourer les contours. Il est vraisemblable qu'il travaille directement à l'infographie et il profite des capacités de cet outil pour établir chaque forme autant par des traits noirs que par des variations de couleurs. Il faut donc un temps que l'oeil s'adapte à ses codes représentatifs différents. Il est vrai que cette manière de procéder rend les illustrations un peu plus longues à déchiffrer. Par comparaison l'épisode dessiné par Phil Noto apparaît bien fade dans son style conventionnel (malgré une incroyable pleine page de Deadpool habillé en femme.



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Épisode 19.1 (illustration de Billy Tan, mise en couleurs de Jose Villarrubia) - Dans le futur alternatif de l'ère d'Apocalyspe, Prophet (un humain pure souche) continue de mener la guérilla contre le régime totalitaire des mutants. Il collabore avec les quelques mutants rebelles (Sabretooth, Rachel Summers, etc.). Ces derniers sont sur le point de mettre en oeuvre un acte de sabotage de grande ampleur qui implique la fille de Magneto.



Rick Remender apporte une sorte de coda à l'aventure de X-Force dans le monde de l'Ère d'Apocalypse sous forme d'une dernière cellule de rebelles acculés à un acte désespéré pour assurer leur survie. Le style de Remender fait des merveilles pour une histoire rapide, à nouveau enracinée dans la mythologie Marvel, où les enjeux sont plus faciles à saisir, et le ton sombre très bien rendu. Le travail de Billy Tan est moins fade que d'habitude, il a rajouté des textures qui évoquent (à un niveau moindre) le rendu d'Alex Maleev. Jose Villarrubia semble également s'être inspiré de la palette de Maleev pour un résultat très convaincant.
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The Last Days of American Crime : Edition i..

La première page présente le personnage principal par terre, le visage en sang, un pistolet contre la tempe et un index s'apprête à en actionner la détente. Le récit repart tout de suite 2 semaines en arrière alors que Graham Brick rentre chez lui avec un jerrycan à la main. Il revient s'occuper d'une petite frappe qu'il a ligotée et flanquée dans la baignoire. Il lui explique en long en large et en travers pourquoi il a pris la peine d'aller chercher du gasoil pour l'immoler plutôt que de l'essence.



Une fois cette tâche effectuée, Brick se rend dans un bar pour attendre son rendez-vous. La télé diffuse des émissions évoquant la mise en oeuvre de diffusion d'ondes rendant impossible tout acte criminel. La date a été fixée à dans 2 semaines. Alors qu'il sirote tranquillement un whisky, il se fait lever par une poulette très chaude avec une étoile tatouée sur le bras droit et une autre sur le sein droit. Ils concluent leurs petites affaires dans les toilettes pour dames. Son rendez-vous arrive enfin : Kevin Cash qui doit l'aider dans le casse qu'il a conçu et Shelby Dupree, sa copine (mais aussi la dame qu'il vient de s'envoyer dans les toilettes). Ce casse ne s'annonce pas sous les auspices les plus favorables.



Cette histoire a bénéficié d'un grand buzz au moment de sa sortie dans la mesure où Rick Remender est un scénariste qui monte, Radical Publishing est une nouvelle maison d'édition (en 2010) qui met toute son énergie à sortir des comics qui sortent de l'ordinaire (et qui peuvent être adaptés au cinéma) et Greg Tocchini a un style qui sort de l'ordinaire. Il est vrai que dès les premières pages le lecteur est plongé dans un monde peu reluisant au milieu d'une histoire bien noire, avec des personnages bien dérangés.



En fait au-delà de l'horreur qui consiste à faire brûler un individu, le lecteur commence par être très étonné du comportement des personnes dans la rue. La population semble prise de folie et se livrer à des actes de violence gratuits, des actes de barbarie horrifiants, tout cela au milieu de personnes ayant préféré se donner la mort. Il faut attendre quelques pages pour comprendre qu'il s'agit d'un effet de la pacification à venir. Cette accumulation de ratonnade, de piquouzes, de prostitution agressive met tout de suite mal à l'aise. Il règne une atmosphère de fin du monde débilitante.



C'est dans cette ambiance viciée que Brick prépare son casse qui le mettra à l'abri du besoin jusqu'à la fin de ses jours (et ce n'est pas une simple figure de style). Petit à petit, le lecteur découvre ses motivations, ainsi que celle de Shelby et de Kevin. Chacun d'eux se conduit de manière dégradante et amorale avec une capacité à encaisser les coups impressionnante. Chaque personnage porte le poids de son passé qui façonne sa conduite présente.



Greg Tocchini réalise l'intégralité des illustrations qui ressemblent au final à des esquisses plus ou moins précises complétées par une mise en couleurs très sophistiquée dont il est difficile de dire si elle a été réalisée à la main ou à l'infographie (plus vraisemblablement la deuxième hypothèse). De la même manière que les personnages se conduisent comme des adultes bien frappés, les illustrations sont destinées à des adultes à l'esprit ouvert. Tocchini met en place un équilibre impressionnant entre des détails très réalistes (les modèles de voitures, les différentes armes à feu, le jerrycan, etc.), quelques textures qui titillent le sens du toucher, des ambiances établies par le jeu des couleurs et des sensations brutales transmises par le mouvement.



Lorsque Shelby aguiche Graham la première fois, le lecteur peut sentir le velouté de sa peau sur le haut de sa poitrine laiteuse. Lorsqu'ils se démènent dans les toilettes, les teintes rouges exacerbent l'animalité de l'étreinte, mais elles mettent également en avant la rouille des tuyauteries et la saleté repoussante du lieu. Lorsque Graham vient au secours de Shelby et qu'il se fait tabasser, les chairs deviennent tuméfiées et leur fragilité répand un vrai malaise. Tocchini trouve à chaque fois le juste équilibre entre ce qu'il montre et ce qu'il suggère pour un impact maximal sur le lecteur. Chaque séquence est pensée pour enrichir le récit, tout en offrant un spectacle intense et terrifiant.



Ce tome se lit d'une traite. Tocchini réalise une symphonie visuelle aussi riche que séduisante. Le récit de Remender est très malin, il utilise les codes classiques du roman noir avec de vrais personnages, autour d'un casse ingénieux. Malgré tout la fin est tellement classique qu'elle laisse un peu le lecteur sur sa faim.
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The Last Days of American Crime : Coffret 3..

La première page présente le personnage principal par terre, le visage en sang, un pistolet contre la tempe et un index s'apprête à en actionner la détente. Le récit repart tout de suite 2 semaines en arrière alors que Graham Brick rentre chez lui avec un jerrycan à la main. Il revient s'occuper d'une petite frappe qu'il a ligotée et flanquée dans la baignoire. Il lui explique en long en large et en travers pourquoi il a pris la peine d'aller chercher du gasoil pour l'immoler plutôt que de l'essence.



Une fois cette tâche effectuée, Brick se rend dans un bar pour attendre son rendez-vous. La télé diffuse des émissions évoquant la mise en oeuvre de diffusion d'ondes rendant impossible tout acte criminel. La date a été fixée à dans 2 semaines. Alors qu'il sirote tranquillement un whisky, il se fait lever par une poulette très chaude avec une étoile tatouée sur le bras droit et une autre sur le sein droit. Ils concluent leurs petites affaires dans les toilettes pour dames. Son rendez-vous arrive enfin : Kevin Cash qui doit l'aider dans le casse qu'il a conçu et Shelby Dupree, sa copine (mais aussi la dame qu'il vient de s'envoyer dans les toilettes). Ce casse ne s'annonce pas sous les auspices les plus favorables.



Cette histoire a bénéficié d'un grand buzz au moment de sa sortie dans la mesure où Rick Remender est un scénariste qui monte, Radical Publishing est une nouvelle maison d'édition (en 2010) qui met toute son énergie à sortir des comics qui sortent de l'ordinaire (et qui peuvent être adaptés au cinéma) et Greg Tocchini a un style qui sort de l'ordinaire. Il est vrai que dès les premières pages le lecteur est plongé dans un monde peu reluisant au milieu d'une histoire bien noire, avec des personnages bien dérangés.



En fait au-delà de l'horreur qui consiste à faire brûler un individu, le lecteur commence par être très étonné du comportement des personnes dans la rue. La population semble prise de folie et se livrer à des actes de violence gratuits, des actes de barbarie horrifiants, tout cela au milieu de personnes ayant préféré se donner la mort. Il faut attendre quelques pages pour comprendre qu'il s'agit d'un effet de la pacification à venir. Cette accumulation de ratonnade, de piquouzes, de prostitution agressive met tout de suite mal à l'aise. Il règne une atmosphère de fin du monde débilitante.



C'est dans cette ambiance viciée que Brick prépare son casse qui le mettra à l'abri du besoin jusqu'à la fin de ses jours (et ce n'est pas une simple figure de style). Petit à petit, le lecteur découvre ses motivations, ainsi que celle de Shelby et de Kevin. Chacun d'eux se conduit de manière dégradante et amorale avec une capacité à encaisser les coups impressionnante. Chaque personnage porte le poids de son passé qui façonne sa conduite présente.



Greg Tocchini réalise l'intégralité des illustrations qui ressemblent au final à des esquisses plus ou moins précises complétées par une mise en couleurs très sophistiquée dont il est difficile de dire si elle a été réalisée à la main ou à l'infographie (plus vraisemblablement la deuxième hypothèse). De la même manière que les personnages se conduisent comme des adultes bien frappés, les illustrations sont destinées à des adultes à l'esprit ouvert. Tocchini met en place un équilibre impressionnant entre des détails très réalistes (les modèles de voitures, les différentes armes à feu, le jerrycan, etc.), quelques textures qui titillent le sens du toucher, des ambiances établies par le jeu des couleurs et des sensations brutales transmises par le mouvement.



Lorsque Shelby aguiche Graham la première fois, le lecteur peut sentir le velouté de sa peau sur le haut de sa poitrine laiteuse. Lorsqu'ils se démènent dans les toilettes, les teintes rouges exacerbent l'animalité de l'étreinte, mais elles mettent également en avant la rouille des tuyauteries et la saleté repoussante du lieu. Lorsque Graham vient au secours de Shelby et qu'il se fait tabasser, les chairs deviennent tuméfiées et leur fragilité répand un vrai malaise. Tocchini trouve à chaque fois le juste équilibre entre ce qu'il montre et ce qu'il suggère pour un impact maximal sur le lecteur. Chaque séquence est pensée pour enrichir le récit, tout en offrant un spectacle intense et terrifiant.



Ce tome se lit d'une traite. Tocchini réalise une symphonie visuelle aussi riche que séduisante. Le récit de Remender est très malin, il utilise les codes classiques du roman noir avec de vrais personnages, autour d'un casse ingénieux. Malgré tout la fin est tellement classique qu'elle laisse un peu le lecteur sur sa faim.
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Low, tome 1 : L'ivresse de l'espoir

Si au début je voulais faire un critique tome par tome tant chacun est différent, je vais au final faire une critique globale pour cette série qui m'a vraiment laissé sur ma faim.



Rick Remender est un scénariste que j'apprécie beaucoup, et c'est toujours un plaisir de me lancer dans une de ses séries.

Low n'a pas fait exception, je me suis lancé dans la série avec entrain, les deux premiers tomes, sans être excellent, sont très sympathique est mettent en relief un univers intéressant avec des personnages (principalement féminins) qu'on a plaisir à suivre.



Vint le tome 3, déjà, j'ai ressentit ici une baisse de niveau, un tome qui part un peu ailleurs et n'avance pas vraiment l'histoire mais qui reste tout de même correct.



Les tomes 4 et 5 arrive, et la, c'est le drame. On part encore dans des directions différentes, certains nouveaux éléments viennent contredire des éléments plus anciens.

Remender part littéralement dans tous les sens, son univers est au final très mal défini et on ne le comprend plus, le comportement des personnages est incompréhensible et change d'une page à l'autre...

On à simplement l'impression que l'auteur avait des idées, beaucoup d'idées, et les jettent toutes sur le papier sans avoir de liant entre elles.



Désolé Rick, mais pour moi c'est non.
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Low, tome 2

Critique express



L'optimisme béat du premier tome se voit rejoint par un nihilisme total, extrême, absolu. L'assemblage de ces deux dynamiques est assez étonnant, et aucun des deux camps ne suscite l'empathie.



La couverture, avec ses nombreuses armes visibles donne le ton de ce volume où ça pétarade pas mal.



Le dessin est vraiment chouette, les couleurs sont vives et chaleureuses. On regrettera cependant la sexualisation d'une facilité désolante de l'une des protagonistes - qui se retrouve à combattre seins nus, sans justification narrative aucune.



Affaire à suivre !
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The Last Days of American Crime

Cet album est le premier volet d’une trilogie écrite par Rick Remender ("Fear agent", "The Punisher", "Gigantic") et dessinée par le brésilien Greg Tocchini.



Ce comics issue d’une maison d’édition moins connue, nommée «Radical», plonge le lecteur dans une Amérique au bord du gouffre. Afin d’endiguer la criminalité, le gouvernement décide de supprimer l’argent papier, c’est le moment choisi par un truand pour perpétrer un dernier gros coup ... les derniers jours du crime américain ont sonné !



Ce premier tome se contente de présenter les personnages et de poser les bases de ce dernier braquage. Porté par la narration très efficace de Remender et une ambiance futuriste pleine de désillusion, ce tome d’introduction ne manque cependant pas de séduire. L’histoire n’avance qu’à petits pas, mais chaque dialogue fait mouche et l’atmosphère est extrêmement prenante.



Au niveau de l’atmosphère, il faut d’ailleurs saluer la superbe couverture d’Alex Maleev et le graphisme de Greg Tocchini. Usant de tons sombres et chauds, triés sur le volet, le talentueux dessinateur distille une ambiance glauque et prenante qui se place au diapason de cet univers sans véritables perspectives.



Premier tome très prometteur d’une saga qui fait un véritable carton outre-Atlantique.

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Low, tome 1 : L'ivresse de l'espoir

Rick Remender est l'un des tout bons scénaristes du moment, dont à l'instar de Mark Millar, toutes les nouvelles sorties sont des réussites tant au niveau de l'ambition que du traitement.

Low de déroule plusieurs millénaires dans le futur alors que le soleil est devenu une géante rouge ayant brulé la surface de la Terre et a obligé les humains à se réfugier dans les profondeurs des océans. Une nouvelle civilisation est apparue, faite de cités-état à la technologie très évoluée basée sur la mer.

Low suit le drame familial de Stel, éternelle optimiste ayant découvert un signal d'une sonde envoyée trouver un nouveau monde pour accueillir les humains et confrontée à la dureté de son environnement, des hommes et des créatures qui peuplent les océans. Sa famille va se retrouver éclatée et elle devra lutter contre les pessimismes de tout ordre pour réunir les siens et garder espoir dans l'humanité.

Intéressant tant par la richesse des univers dépeints (chaque cité a développé une culture spécifique) que par l'intelligence de ses textes et dialogues, LOW est une véritable découverte. Le dessin surprendra par ses côtés esquisse aux couleurs criardes. Je suis plutôt amateur de dessins classiques et avais tiqué au premier abord sur le trait de Greg Tocchini. Puis l'histoire prend le dessus et l'on apprend à apprécier la technique très poussée et certains tableaux extrêmement travaillés et imaginatifs de l'illustrateur de Last days of american crime (même scénariste).

L'histoire est en cours de publication aux Etats-Unis et compte 3 volumes parus chez le toujours très bon Urban.
Lien : https://etagereimaginaire.wo..
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