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Citation de migdal


Et puis Djamila est sortie. Un ciel bleu, un vent froid.

Premiers pas maladroits. Équilibre précaire. Comme une désagréable ébriété. Une danse d'ourse. Une fille dans un sac gris. Informe. Difforme. Il ne restait rien de son allure de biche. De ses longues jambes caramel. De ses bras fins qui avaient serré le garçon contre sa poitrine. Son cœur qui battait la chamade. Le djilbab la gommait. Elle était d'un troupeau désormais. D’une ressemblance. Habitait la prison des hommes.

Elle a marché sans but, dans les rues de la cité aux noms d’oiseaux. Comme des injures, avait dit Bakki. Des injures. Elle regardait son ombre sur le trottoir. Une voile. Un nuage. Plus jamais une fille. Elle disparaissait au monde. Elle a croisé d'autres femmes comme elle. Elle a vu les visages résignés. Les regards éteints. La pâleur. Elle a vu toute une vie qui ne lui ressemblait pas, un crime parfait, et ses larmes ont délavé ses yeux de la plus belle couleur du monde, selon son petit amoureux. Mais ne pleure pas, Djamila. Sèche tes larmes. Et écoute le silence.

La paix. Salam, ma sœur. Tu n'entends plus les sifflets des garçons. Plus les mots mubtadhil. Les mots khanez. Vulgaires. Pourris. Qui blessent et dégueulassent.

Cette prison, c’est ta liberté de femme. Crois-moi, petite sœur.

Je préfère les crachats à la prison, Bakki. Apprends plutôt à tes frères à respecter les femmes. Frère.
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