Gustav Mahler à Richard Strauss
Vienne, le 02 octobre 1905
(A propos de "Salomé")
(...) Et maintenant, cher Strauss, je ne puis omettre de vous parler de l'impression exaltante que me fait l'oeuvre quand je la relis ! C'est absolument votre sommet jusqu'ici ! J'affirme que rien de ce que vous avez fait jusqu'ici ne peut lui être comparé. Je ne fais pas de longs discours, vous le savez, moins pour vous encore que pour d'autres. Mais cette fois-ci, je ressens le désir de vous l'exprimer. Chaque note est à sa place ! Je le savais depuis longtemps déjà : vous êtes né pour le théâtre ! J'avoue que vous m'avez fait comprendre seulement par votre musique l'oeuvre de Wilde. J'espère pouvoir assister à la première à Dresde. - Dites-moi en un mot si mon plan de campagne vous convient. Je vous donne ma parole que j'emploierai tous les moyens et que je n'aurai de cesse de défendre ce chef-d'oeuvre original et incomparable.
En toute hâte et amicalement
votre
Gustav Mahler