AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de SeriallectriceSV


Je l'aimais bien ce monde féminin de linge et de lingerie, ce monde clos de buée, ces grosses cuves à eau où l'on bouillait, brassait, touillait les draps, ces baquets de lavage où se mêlaient cendre et suif, ces maelströms de lin, de couleurs ou d'écru, ces cotons qui cloquaient, ces bulles de savon, l'odeur des lessives, la torsion des mains, la sueur des femmes, ce linge que l'on battait comme l'on fesse un vaurien, que l'on secouait dans de grands claquements, et la beauté sans nom de leurs drapés flamands quand on les laissait choir.
[...]Je devais m'écarter, puis agaçant les femmes, quitter sans barguigner cette pièce enfumée nommée chambre à lessive ; alors j'allais dans la cour, m'asseyait au mitan du muret et m'amusais tout seul avec les pinces à linge. Je leur ouvrais le bec d'une simple pression et les faisais parler, mordre, rire ou bailler, selon qu'elles devenaient humaines, gorgones, fantômes, licornes ou crocodiles.
[...]Puis je me rasseyais sur mon muret, prêtais l'oreille : les tintements des gouttes qui s'écoulaient du linge et s'écrasaient sur le ciment rugueux , les bruits de la forge au loin, les tchoutchous du dépôt, les cris ou les ahans de quelques cheminots, les oiseaux, les rares autos de l'époque ; je n'en demandais pas plus , dans le fond, à la vie.
Commenter  J’apprécie          62





Ont apprécié cette citation (5)voir plus




{* *}