Guy Walter

Aujourd’hui je vais évoquer Le Caravage, peintre roman pictural de Guy Walter. Ce texte atypique autour du peintre italien du dix-septième siècle m’a fait penser au roman de Dominique Fernandez inspiré de ce même peintre La course à l’abîme. Dans ces deux livres Le Caravage est au centre de la narration, et cet homme né pauvre dans un village lombard accède à la renommée et ses œuvres demeurent des chefs d’œuvre intemporels.

Guy Walter propose une évocation par touches subtiles de son personnage. Il ne s’agit pas d’une biographie classique avec les différentes étapes chronologiques mais d’un récit poétique et sensuel. C’est Michelangelo Caravage lui-même qui s’exprime dans ces pages chaotiques et déstructurées. Le texte commence ainsi : « voilà, c’est bien moi, je ne compte pas le chaos, je vous l’épargne, le tumulte et les mains levées, la bousculade et l’horreur, l’empilement sur le côté, la frénésie de tout et tout ce qui vient. C’est bien moi, oui, celui que l’on voit derrière, tout au fond, celui qui se retourne, le petit avec un manteau noir qui lui tombe sur les épaules, la capuche, la barbe et le crin, un air de mélancolie dites-vous, de la tristesse, ce n’est rien, la nudité, elle, me va si bien. » Au fil des chapitres de nombreux tableaux sont ainsi décrits avec une précision d’entomologiste. L’auteur restitue des bribes de la vie de son héros, des épisodes marquants. Le Caravage est un révolutionnaire de la peinture, son influence dans l’histoire de l’art est prégnante. Sa façon de peindre, de mettre en scène ses modèles sont novatrices. Il mélange sa vie et son art. Il est homosexuel et se vautre dans la fange et le stupre. Il est sacrilège et n’hésite pas à recruter une prostituée pour incarner la Vierge ; il utilise les gitons de ses nuits pour représenter des anges. Évidemment son comportement choque, il est réprimandé par certains de ses commanditaires. Mais son talent est réel et malgré l’adversité il triomphe à peindre ce qu’il ressent dans son intimité. Le Caravage, peintre dit les émotions du peintre, ses tourments, ses doutes et ses certitudes. La vie d’artiste à l’époque nécessite un adoubement minimum de la cour ou de l’église pour obtenir des financements. Le peintre subit bien des déboires en raison de ses excès et de sa provocation. La sensualité (parfois même la sexualité) déborde du texte, cela suinte et transpire. Le ton de Guy Walter est en adéquation avec son sujet, il fait preuve d’une grande liberté, il expulse les carcans. Les descriptions des toiles sont très visuelles, le lecteur est transporté dans l’atelier foisonnant du Caravage.

Le Caravage, peintre est un joli texte, émouvant. Il donne à voir le processus créatif et met en exergue la complexité et les contradictions de la personnalité du Caravage.

Voilà, je vous ai donc parlé de Le Caravage, peintre de Guy Walter paru aux éditions Verticales.


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