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Citation de valisebabelio


Je ne sais quel écrivain français contemporain a dit que la musique de Wagner est typiquement de celles « qu’il faut écouter la tête dans les mains ». Cette appréciation me laisse supposer que l’auteur de ce mot n’a jamais entendu un opéra wagnérien. Car le propre de cette musique est justement qu’on l’écoute avec son corps tout entier, avec la tête, certainement, mais avec le coeur aussi, et le ventre, et pour ainsi dire avec les yeux et les mains, comme on s’offre à une tempête. Elle n’est jamais touffe de myosotis ou problème harmonique. Ce qu’elle brasse en nous de violences et de désirs enivre comme un vin fort. C’est un torrent qui submerge et contre lequel la lutte est impossible. Il faut fuir ou se laisser emporter. On se moque bien que cette musique soit optimiste ou pessimiste, vulgaire ou distinguée, décadente ou littéraire, et qu’il la faille écouter la tête dans les mains ! La vérité est que les cris de Marsyas dans sa forêt remplissent d’effroi les innombrables petits joueurs de flûte. Et ils continuent encore aujourd’hui à détaler quand ils entendent la foulée du satyre. Car il est terriblement puissant, ce vieux promeneur solitaire du col de la Formazza, du Bois de Boulogne et des pâturages lucernois. Ses interprètes de 1875 le regardaient avec une crainte mêlée d’amour. Ils ne se doutaient pas que ce front tout encombré par l’énorme Tétralogie en train de naître à la réalité, portait déjà l’idée de Parsifal. Le musicien ne se reposait point de créer, d’amasser à tous les coins de bois les harmonies qui raconteraient certain vendredi saint vieux de vingt ans, lorsque, sur la terrasse de l’Asile zurichois, il confondait dans un même élan l’éternel printemps de Bouddha, du Christ et de Richard Wagner.
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