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Citation de Danieljean


l'animal est toujours aux aguets, sentinelle du néant, vide d'idées et d'ambitions.
Il choisit le couteau le plus tranchant, une serviette pour éponger le sang qui va jaillir et lui souiller les mains, un drap pour envelopper Romarine, cacher le corps dans le puits du gros rocher et par une nuit noire, sans lune et sans étoiles, succombe au désespoir, écartant tout argument logique et de prudence. À pas rapides, il sort de sa chambre, traverse le salon, sent sur la terrasse le froid du matin qui picote sa poitrine, devine l'horizon et le paysage privé de tous repères colorés, traverse le jardin et s'enfonce dans le tissu d'ombres qui le sépare de Romarine.
Parvenu au seuil de la cabane, tremblant et agité, il tâtonne dans l'obscurité jusqu'à toucher, avec un frisson, le poil lisse et chaud de la bête qui ne s'effraie pas, se lève et apparaît dans l'ouverture de la porte, s'offrant docilement à son étreinte. Le couteau tombe de ses mains avec un bruit sourd sur le sol battu par les sabots de l'animal, la serviette tombe aussi, et le drap ; il prend la chèvre dans ses bras à hauteur de sa poitrine, et leurs deux cœurs, à contretemps, semblent battre dans un même corps. En ôtant la corde au cou de Romarine, il est submergé par une vague de tendresse intense, caresse la petite tête de la chèvre et tente de deviner les yeux noisettes rayés de jaune que l'obscurité lui dérobe.
Respirant au même rythme qu'elle, il penche la tête contre le cou de Romarine et , inconsciemment, revient chez lui, monte les marches de la terrasse et, avec beaucoup de précaution, l'installe dans le fauteuil. Puis, du même pas lent et hésitant, un vague sourire aux lèvres, Rosmarino retourne à la cabane.
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