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Critiques de Hélène Michoux (21)
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Du givre sur les épaules

Paru en 1998 et récemment réédité par les très belles éditions Zulma, « Du givre sur les épaules » est un court roman qui évoque un conte d’autrefois narrant l’épopée chevaleresque de son héros sans peur ni reproche.



L’action se situe au coeur des années 20, il y a un siècle à peine, dans les Pyrénées espagnoles. Un siècle qui ressemble à une éternité tant le mode de vie des modestes bergers des lieux évoque bien davantage le Moyen-Âge que notre XXIe siècle ultra-connecté.



Un article paru dans l’« Heraldo de Aragon » consacré aux évènements survenus dans un petit village pyrénéen déclenche l’ire de ses habitants. Le narrateur, qui est aussi l’instituteur du village, se voit confier la tâche de rédiger une réponse destinée à rétablir la vérité travestie par les errements d’un journaliste mal informé.



Après avoir collecté les dires parfois contradictoires et toujours intéressés des parties concernées, l’instituteur en fin de carrière décide de nous livrer sa version des faits, qui n’est évidemment pas celle de la petite communauté montagnarde.



Ramón est encore un jeune adolescent lorsqu’il tombe amoureux fou d’Alma, l’unique héritière de la plus riche famille du village. Un coup de foudre incandescent. Une impasse aussi. Le jeune berger sans le sou n’a en effet aucune chance d’obtenir la main de la jeune fille la plus convoitée des lieux.



Ramón ne se décourage pas si facilement et mène sa rude tâche de berger avec un zèle stupéfiant dans l’espoir un peu fou d’acquérir la respectabilité nécessaire pour demander la main de celle qu’il aime de tout son coeur. Las. Don Mariano, le père d’Alma, devine l’idylle naissante entre le beau berger et sa fille aux traits délicats. Madré et sans pitié, le riche propriétaire congédie devant témoins le jeune homme qui était à son service et interdit à ses confrères de faire appel à ses services.



Ramón jure devant la foule de rassembler le montant de la dot et se fait contrebandier. Il va devenir Desperado, l’homme du peuple qui sillonne les Pyrénées entre la France et l’Espagne, et se dresse contre les puissants.



À travers l’épopée intemporelle de son héros, Lorenzo Mediano nous propose tout à la fois une épopée, un conte populaire et une fable politique. En défiant les propriétaires de la région, Ramón devient la figure iconique des gens de peu, de ceux qu’un système patriarcal moyenâgeux a condamné à une vie sans saveur. Sa rébellion contre Don Mariano et ses riches acolytes est évidemment une métaphore de la révolution qui se profile.



À travers un récit intemporel, qui évoque davantage un conte d’antan qu’un roman social situé au XXe siècle, l’auteur appréhende avec brio le ressentiment des opprimés envers l’entre-soi des maîtres de ce monde. Derrière une histoire d’amour archétypale qui voit un jeune berger courtiser une « princesse », derrière la révolte épique d’un jeune homme refoulé par les puissants, se dissimule le véritable enjeu du roman : Lorenzo Mediano aborde la fin à venir d’une société patriarcale travaillée par des inégalités trop manifestes, où il est impossible de s’élever socialement, sauf à prendre le maquis à ses risques et périls.



« Parce qu’ils étaient pour moi comme une fleur dans le désert, une promesse qui nous réjouit par sa seule présence, un message d’espoir qui me disait que dans le monde il existe autre chose que des maisons, du bétail, des terres, de la faim et de la haine. »



La beauté de l’amour invincible entre Alma et Ramón redonne une forme d’espoir à l’instituteur ainsi qu’aux villageois qui entrevoient la possibilité d’un ailleurs, d’une vie qui ne se réduit pas à un dur labeur sans récompense. L’existence d’une transcendance.



S’il dénonce l’injustice ontologique du patriarcat qui règne sur les montagnes depuis des siècles, « Du givre sur les épaules » est aussi une déclaration d’amour aux habitants du village, ces montagnards durs au mal, ces paysans peu éduqués qui ne rechignent jamais à la tâche et nous paraissent tout droit sortis du Moyen-Âge. Une fois n’est pas coutume, je laisserai donc les mots de l’auteur conclure cette chronique.



« Il est vrai qu’ils sont durs, voire cruels ; vindicatifs, ignorant le pardon ; parfois, la pauvreté même du lieu en fait des misérables. Certes, les lois anciennes qui les gouvernent sont dures, asphyxiantes, impitoyables. Mais ces montagnards sont aussi tenaces, loyaux, frugaux, endurants. Ce mélange de qualités et de défauts, de superstition et de savoir, leur a permis de survivre depuis un millénaire. Et si parfois ils se haïssent et s’entre-tuent, au moins ils se haïssent et se tuent de manière personnelle et toujours pour des raisons concrètes : un morceau de terre, une femme, une offense. Ils ne tueront pas quelqu’un parce qu’il est d’une autre race ou parce qu’il n’est pas d’ici ou encore parce qu’il parle une autre langue ou a d’autres idées, comme le font les gens civilisés. »



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Du givre sur les épaules

Un article parait dans un journal et met en émoi un village perdu de l'Aragon . Les villageois, pour la plupart analphabètes, veulent un droit de réponse et demandent à l'instituteur de recueillir leurs témoignages avant de contacter le journal. L'instituteur va tout nous raconter. Et nous offrir un beau moment de lecture.





Très belle histoire , sous forme de conte, qui dépeint les Pyrénées aragonaises et la vie , extrêmement dure , qui pouvait y être menée dans les années 30, à un moment où l'histoire de l'Espagne allait basculer.



La hiérarchisation de la société y est très bien décrite , ainsi que la beauté des paysages et la rudesse du climat.

Mais cette hiérarchisation va vaciller , ou tout au moins pourrait le faire . Un berger se rebelle , par amour, lui qui est mal né et n'a que ses bras pour trimer et ses yeux pour pleurer. Pour autant, il veut suivre les règles et gagner suffisamment d'argent pour arracher son amour des bras d'autres prétendants plus fortunés . Sauf que sa hardiesse dérange.



Et donc en plus d'être instructif, ce livre nous sert une très belle histoire , faite de givre , de brebis, de trafic, de jalousie , d’opportunisme mais aussi d’amour et d'abnégation.



Une très belle surprise, comme le sont souvent les romans édités par Zulma
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Du givre sur les épaules

Parmi les conteurs internationaux, voici un auteur espagnol qui écrit ici sur la vie à la montagne, à la frontière pyrénéenne. Dans ces villages et ces familles habituées à la dureté des hivers et à la caillasse, les règles sont établies par les grands propriétaires, les autres les servant docilement. Jusqu'au jour où un jeune berger tombe amoureux de la fille du patron. Il va être courageux et il veut bien faire pour être à la hauteur, et être autorisée à l'épouser. Mais voilà : le domaine ne doit pas être légué a n'importe qui, et la fille non plus secondement. La situation va dégénérer, et c'est l'instituteur du village qui nous raconte toute l'histoire. Joli conte simple qui a connu un fort succès hors de nos frontières, un Romeo et Juliette version montagnarde.
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Du givre sur les épaules

Années 1930."Un mensonge s'il est partagé par tous les membres d'une communauté, devient d'abord crédible,puis possible et enfin vérité".

C'est cette vérité, pour "soulager sa conscience", que le narrateur, instituteur miséreux à Biescas de O bago (bourgade d'élevage espagnole aux "coeurs haineux"); fait éclater au grand jour dans Du givre sur les épaules.

Le prix "Vivre Livre" des lecteurs de Val d'Isère (2009) attribué à ce roman d'amour,où la passion est plus forte que la mort, couronne un petit chef-d'oeuvre qui prend le lecteur aux tripes.

Vivre Livre, oui, mais Vivre Libre aussi, telle pourrait être la devise du simple berger Ramon, un déshérité dont l'esprit vif a touché son instituteur, qui aime la fille unique et héritière de Maître Mariano Banegas, pour son plus grand malheur,car même si l'attirance est réciproque, le patriarcat prévaut et le manque d'argent empêche les unions malchanceuses.

Lorenzo Médiano, excellent auteur espagnol, oppose dans ce témoignage, le bien et le mal,les humbles et les puissants; décrit la "rudesse de la terre et du climat" qui pousse aux passions et à la déraison; relate le destin écrit d'avance (analphabétisme pour les pauvres, éducation pour les riches);conte les rumeurs qui se propagent et les sobriquets qui en découlent ("le chapon" pour Don Mariano Banegas, qui devenu stérile suite à des oreillons,s'efforce de prouver sa virilité, "Desperado" pour Ramon acculé à devenir contrebandier pour acheter une fille à son père sans toutefois y parvenir);dénonce une époque où les filles sont une simple marchandise offerte au plus argenté ou une prime contre une meurtre prémédité; démontre comment un "symbole" devient une "légende".

Basé sur des faits historiques véridiques (révolution espagnole en branle où les syndicats et les partis de gauche sont friands d'armes passées en contrebande) ce roman d'amour, de haine et d'aventure manie les émotions fortes (colère,indignation,lâcheté,autorité,rébellion, courage,malhonnêteté,cynisme,rancoeurs,possessivité,sensibilité,frustrations,espoirs,folie,trahison,égoïsme,résistance,désespoir....

Lorenzo Mediano brosse un beau portrait d'homme déterminé,intelligent,passionné,obstiné,révolté contre l'injustice,prêt à tout pour obtenir celle qu'il a idéalisée et pour se sortir de sa triste condition.

Que vaut la vie d'un homme? s'interroge-t-on après lecture.Jusqu'où peut-on aller pour satisfaire sa volonté ou son désir?A quelles extrémités pousse le désespoir?Les dés d'une vie sont-ils pipés d'avance? Les différences forcent-elles au rejet d'une communauté?

C'est une lecture SIX étoiles que je recommande car le destin de Ramon est bouleversant et cette tragédie, dont le romantisme rappelle Roméo et Juliette de Shakespeare (bien que différent), reste longtemps en mémoire même après "rien" le mot de la fin car ce "rien" pèse très lourd!
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Du givre sur les épaules

Ai-je choisi le livre pour sa magnifique couverture??? Hummmmmm fort fort probable compte tenu des mes intérêts professionnels (et personnels) pour tout ce qui touche aux animaux et à l'élevage. Ai-je dépassé le stade de la magnifique couverture pour apprécier l'histoire! Et oui!

Années 30, cette histoire (dramatique) est racontée du point de vue d'un instituteur miséreux et vieillissant d'un petit village espagnol des contreforts des Pyrénées. L'histoire? Une histoire d'amour impossible entre Ramon, un pauvre berger et Alba, fille d'un "riche" propriétaire (plus riche dans le village mais pas forcément aux vues du reste de la société). Le vieil instituteur ne pourra que constater, observer impuissant à leur histoire qui s'enfoncera dans la destinée. Parce que c'est la force de ce récit, c'est de démontrer la société locale de ce petit village et le fatalisme de la vie de chacun des membres de la communauté. Ramon fera tout ce qu'il peut pour avoir le droit de convoler en juste noce.

Roman très intéressant à lire

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Du givre sur les épaules

"Petit Pays" (Gaël Faye) 1 348 critiques...4,9/5, 9 598 notes,

"Du Givre sur les épaules" (Lorenzo Mediano) 19 critiques... 4,27/5, 75 notes.

Si ces deux ouvrages ne se ressemblent absolument pas, ils ont un point commun : être de véritables pépites !



Aucune comparaison sur le sujet traité, l'un parle de sa jeunesse dans les années 1990 au Burundi, l'autre d'un événement survenu dans un petit village isolé dans les Pyrénées espagnoles quelques années avant la guerre civile d'Espagne.

Pourquoi je les compare ? Pour le plaisir apporté par l'écriture de ces textes : fluide, claire, agréable et généreuse.



Revenons à "Du givre sur les épaules". L'activité principale du village de Biescas de Obago est l'élevage de brebis et des chèvres exercé par quelques gros propriétaires,de nombreux petits, avec l'aide des bergers.

"Il était une fois" Ramon, un pauvre berger, et Alba, fille unique et héritière de Don Mariano qui tombent éperdument amoureux.... pour prétendre à la main de la jeune fille Ramon doit être riche. Alors il décide de devenir contrebandier entre la France et l'Espagne.



C'est l’instituteur- exilé politique et seul lettré du village - qui raconte l'histoire. Il le fait avec gravité, humour et suspens. Il décrit avec talent l'ambiance, les personnages, les paysages, le climat, les événements.



Conclusion : 186 pages de bonheur de lecture.
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Du givre sur les épaules

« Toute cette histoire a réveillé les fantômes qui gisaient au fond de notre contrée et personne ne veut les affronter. Tout cela nous a montré une partie très sombre de notre vie : la haine des riches contre les pauvres et celle des pauvres contre les riches ; la haine du voisin contre le voisin ; la haine du frère contre le frère. La haine. »



Un article dans un journal régional attise la colère des habitants de Biescas de Obago. Le journaliste y relate succinctement et sans réel soucis de véracité des évènements dramatiques et sanglants survenus dans ce petit village des Pyrénées espagnols. Décision est prise de rétablir la vérité et de « laver l’honneur du village ». C’est ainsi que l’instituteur de Biescas de Obago se retrouve chargé de consigner les témoignages des habitants afin d’expliquer les faits tels qu’ils se sont réellement déroulés.



Rapidement il se rend compte que ce compte-rendu des évènements est tout aussi faux que l’article paru dans le journal : « un mensonge, s’il est partagé par tous les membres d’une communauté, devient d’abord crédible, puis possible et enfin vérité. »

Afin d’être en paix avec lui-même, il décide donc de dire la vérité sur cette histoire d’amour, de haine et de vengeance qui a traumatisé les habitants.



Lorenzo Mediano prend le temps d’expliquer le contexte bien particulier de ces villages reculés des contreforts pyrénéens. Dans ce premier quart du vingtième siècle perdure toujours un système de casas avec un maître qui a tout autorité sur tous les autres habitants et travailleurs de la maison. Un système qui privilégie quelques personnes au détriment des autres et alimente les rancœurs et la haine au sein du village. L’atmosphère lourde, plombée par la méfiance et le ressentiment, accentue l’effet tragique et implacable de cette histoire.



Car c’est pourtant dans ce terreau malsain que va naître une histoire d’amour impossible, et même impensable aux yeux des habitants de Biescas de Obago, entre le berger Ramón et Alba l’héritière d’une des casas les plus importantes. De simple berger, Ramón devient Desesperado, un contrebandier craint dans toute la région, dans le seul but d’amasser suffisamment d’argent pour pouvoir épouser Alba. Mais pour le village et en particulier don Mariano, le père d’Alba, il est inconcevable qu’un simple berger épouse une héritière car cela remettrait alors en question tout le système patriarcal.



Lorenzo Mediano sait bien tenir en haleine son lecteur. A mesure que le récit avance, et à chaque nouvelle épreuve que doit endurer Ramón, la tension monte puisqu’on sait dès le départ que l’histoire s’achèvera dans le sang. J’ai trouvé l’intrigue intelligente et particulièrement bien construite. Elle s’inscrit bien dans ce monde à part que sont ces petits villages pyrénéens soumis à des lois anciennes injustes et impitoyables.



« Il y avait là-bas quelqu’un qui osait défier le destin, l’un des leurs qui ne se rendait pas et qui, par sa souffrance, défendait le droit d’aimer. »



Un grand merci à Isidoreinthedark dont la critique m’a permis de découvrir ce très beau roman publié aux éditions Zulma.
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Du givre sur les épaules

Avec ce roman, Lorenzo Mediano rend un bel hommage aux Pyrénées espagnoles. Dans ces villages de montagne très reculés, un système de vie s'est mis en place: les familles riches,les femmes pauvres. Tous ces gens vivent côte à côte avec une organisation bien précise où chacun doit tenir sa place.

Mais Ramon ne l'entend pas de cette oreille. Lui, berger sans le sou, aime Alba, la fille unique du plus gros propriétaire terrien du village. Toute la communauté suit ce duel comme si sa survie en dépendait. Ramon défie son village et les traditions pour mener à bien son objectif: épouser Alba.

Un joli roman terrestre avec une histoire intemporelle et des traditions.

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Du givre sur les épaules

Dans un village aragonais, au début du XXe siècle, Ramòn, un berger courageux, et Alba, une jolie héritière, s'aiment d'amour tendre. Le père de la belle s'oppose à leur union...

Combien existe-t-il de récits sur ce thème des amours socialement interdits ? Celui-ci est remarquable : par le décor de ces montagnes rocailleuses - si froides en hiver, si sèches l'été -, par l'ambiance plombée de ce village isolé - micro-société figée, entre-soi -, par l'enchaînement des aventures - de l'action et du suspense -, par le parti pris narratif - l'instituteur du village raconte l'histoire et y insère ses propres ressentis -. Une lecture rapide mais si touchante.
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Du givre sur les épaules

J'ai beaucoup aimé ce petit livre plein de poésie et d'amour. C'est un roman plein d' émotions, d' humanité, très touchant. C'est très bien observé.

Et quel hommage aux hommes et femmes du cru ! Même s'ils ont leurs mesquineries, leurs bassesses, ils ont aussi leur loyauté, leur courage, c'est fort ! C'est beau.

L'auteur crée, en plus, toute une atmosphère. J'ai fait un bon dans le temps et l'espace, j' y étais !
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Du givre sur les épaules





« Biescas de Obaga est un village tranquille où il ne se passe presque jamais rien ». C’est ce que les villageois préféraient croire par conformisme. Mais l’instituteur du village prend la plume et va raconter la vérité des faits passés qui ont chamboulé l’équilibre du village. Juste pour quelques instants.



Ce village est dans les Pyrénées Aragonaises et l’histoire se situe en 1930. L’ordre établi tient à la hiérarchisation de la société : la propriété est la richesse première qui défini les riches et les pauvres. Les chefs des maisons dites riches choisissent eux même leur héritier et le futur mari de leur fille. Ce futur époux est généralement celui qui a le plus de richesse à offrir, soit une propriété, soit un élevage conséquent. On peut nettement imaginer que c’est une réalité d’antan.



Ramòn est tiones dans la casa Torrera où la belle Alba réside, fille unique de Don Mariano dit Le Chapon. Un amour clairement impossible au vue de sa faible richesse matérielle. Sa vraie richesse réside dans son cœur, dans sa détermination à conquérir le cœur d’Alba sachant qu’ainsi il défie l’ordre ancien, chose impensable alors. Sa bataille pour Alba vient mettre les villageois face aux émotions du cœur, à une forme de joie interdite.



« Chaque gelée, chaque matin de faim, chaque pas épuisant sur les sentiers escarpés, ravivaient sa flamme »



Magnifique conte populaire, l’histoire d’amour impossible entre Ramòn et Alba est écrite avec un humour assumé et un charme absolu. Le suspens nous imprègne tout du long : la toute puissance des carcans continuera-t-elle a prendre une ampleur démentielle, même sur le coeur?



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Du givre sur les épaules

Quelle belle histoire que celle du givre sur les épaules.



A l'instar de la tragédie de Roméo & Juliette, c'est une histoire d'amour difficile avec deux jeunes gens que tout oppose. Dans ces Pyrénées aragonais, au milieu des années 20, on a bien l'impression d'être revenu au Moyen-âge. Beaucoup mènent une vie de berger modeste, dirigée toujours par des familles aisées. Alors quand Ramon, le berger, s'éprend de la belle Alba, c'est deux castes qui s'opposent. Tous complotent pour le remettre à sa place et anéantir ses projets.



La force du roman réside dans la narration de l'instituteur du village. Miséreux, il fait le tour du village pour recueillir les dires de chacun. Pas toujours évident dans une contrée de taiseux où l'analphabétisme règne en maître.

Mais on pourrait se croire au coin du feu tellement cela ressemble à un conte. C'est joliment dit, joliment écrit, une très belle lecture.
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Du givre sur les épaules

Très beau roman.

Une histoire d'amour impossible dans les Pyrénées espagnoles entre un berger et une riche héritière terrienne.

Ce roman se déroule quelques années avant la guerre civile espagnole et dans le village navarrais où se déroule l'histoire, la société n'a guère évolué depuis le Moyen-Age.

Ramon devient contrebandier afin de pouvoir payer la dot d'Alba. Ce destin va bouleverser la vie de tout le village.

Une très belle écriture.

A lire
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Du givre sur les épaules

Il ya du Giono dans cet auteur là. Un Giono des Pyrénées et contemporain aussi dans son écriture. Hormis une intro assez inutile, dès que le récit démarre, on est lentement happé par cette rudesse montagnarde, ce parler rare, ces situations difficiles éternelles des lieux reculés. Si on ne retrouve pas les belles envolées de Giono, il nous apporte plus de limpidité, de clarté et il y ajoute une ironie sous-jacente bienvenue. Le tout pour nous emmener vers un final inattendue et grandiose ! Surprenant !
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Du givre sur les épaules

Il est bien connu que les amours impossibles font les plus belles histoires. Et celle de Ramon et Alba ne fait pas exception à la règle.

Nous sommes dans les années 30, dans les Pyrénées aragonaises et la population est en émoi car un entrefilet dans le journal local relate un fait divers survenu dans leur petit village de Biescas de Obago. Tous les villageois contestent la version des faits et c’est l’instituteur, un quinquagénaire un brin désabusé qui est mis à contribution pour rédiger un droit de réponse que tous s’empressent à lui conter.

Mais de quoi s’agit-il? Ce même instituteur prend la plume pour nous conter cette histoire et nous livrer sa version, celle de l’amour interdit entre le berger et l’héritière, cet amour qui mettra à mal l’ordre établi et fera bouger les lignes dans cette Espagne à la veille de la guerre civile.

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Une joli couverture, une quatrième le classant entre conte populaire et fable politique il ne m’en fallait pas plus pour me mettre l’eau à la bouche, et quelle belle découverte! Ce roman est pépite. Digne d’une tragédie grecque, il nous plonge au cœur d’une société villageoise sclérosée par des codes d’un autre âge qui fait des riches toujours plus riches et des pauvres condamnes à le rester. Une société où les femmes sont des enjeux de pouvoir, où les maîtres terriens ont droit de vie et de mort sur les plus pauvres. Et face à cet ordre établi Ramon puise au plus profond de son cœur un désir irrépressible plus fort que les conventions sociales et la sage prudence, jusqu’à devenir une légende, le « desesperado ». Dans ce village où tous se soumettent à leur sort avec résignation, il est l’emblème de la révolte qui couve dans cette Espagne des années 30. Il agit par amour notre héroïque berger mais il se bat aussi pour sortir de sa triste condition et cet angle de lecture est tout aussi intéressant. C’est enfin une peinture sublime de ces Pyrénées espagnoles, isolées, rudes et hostiles qui forgent des caractères forts.

Un livre parfait pour les vacances que je vous recommande chaleureusement.
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Du givre sur les épaules



D’abord attiré par la magnifique couverture, mon désir d’acheter et de lire ce livre s’est confirmé avec les descriptifs élogieux de la quatrième de couverture : « conte populaire et fable politique », « épopée brute », « petit chef d’oeuvre de suspense », « texte magnifique digne des plus belles tragédies antiques ». De biens gros mandats pour un petit livre de 185 pages. Eh bien tout ça est juste : ce récit est un pur bijou qui n’a rien à envier aux plus grands classiques.



Les personnages et les moeurs du petit village des Pyrénées espagnoles, où se situe l’histoire, sont décrits avec un réalisme qui peut rappeler Zola : leur volonté de conserver ou d’améliorer leur position sociale couplée à la rudesse du territoire et de leur vie les contraignant à la vengeance, la haine et la cruauté. Par ailleurs, l’amour impossible entre Ramón et Alba, digne de celui de Roméo et Juliette ou de Tristan et Iseult, les poussent à défier la raison, le déterminisme social et les pires épreuves physiques. Aussi, ce récit peuplé des plus incroyables aventures du héros peut faire penser autant au conte philosophique qu’au roman de cape et d’épée.



Enfin, l’histoire est efficacement racontée par un personnage tierce, qui non originaire de ce village reclus, peut s’en dégager et traduire « cette vérité dont [il a] été témoin et que personne ne veut connaître ». Bref un livre puissant à lire, à relire et à donner.
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Du givre sur les épaules

Ce livre m'a été conseillé par Laurence Cossé. Une histoire dans l'Espagne des années 1930 ? Je n'étais pas spécialement emballé. Mais il se trouve que j'avais à lire Rêves oubliés dont l'intrigue se situe dans le même contexte. J'ai été conquis par le livre de Léonor de Recondo. Alors sans hésiter, je me suis plongé dans le roman de Lorenzo Mediano. Et quel bonheur ! Un souffle de tragédie antique parcourt ce roman. Alors, oui c'est toujours la même histoire : "l'homme est un loup pour l'homme" comme se plaît à le rappeler l'auteur. Mais l'écriture est superbe, les descriptions d'une grande finesse. On s'embarque pour un monde loin de tout, avec ses règles propres, où la nature est omniprésente et pousse les hommes à des extrémités inconcevables. C'est un drame qui aurait pu avoir lieu dans la Grèce antique, aussi bien qu'aujourd'hui tout près de chez nous...

Je crois que ce livre est le seul de l'auteur a être traduit en français. Espérons que d'autres suivront.

Merci à Laurence pour ce conseil de lecture. Et je fais suivre : un très beau roman à lire très vite !
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Du givre sur les épaules

Si comme moi vous n'aimez pas les histoires d'amour impossibles, alors lisez ce roman.

Ramon aime Alba depuis ses plus jeunes années, mais Ramon est pauvre et Alba fille du maitre de Ramon. Dans ce village, dans cette région où tout l'équilibre social est basé sur le pouvoir des plus riches sur ceux qui ont peu, leur amour va bousculer les lignes.

Au delà de cette idylle magnifiquement conté par l'auteur, se déroule une présentation de la vie sociale dans les Pyrénées espagnoles des années 30.
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Du givre sur les épaules

Le livre d’un auteur espagnol injustement méconnu.

Médecin ayant vécu et exercé dans différentes vallées de l’Aragon, l’auteur s’est nourri pour ce roman de différentes histoires entendues lors de veillées.



Dans ce livre, il raconte avec talent l’histoire de Ramon, un berger pauvre qui tombe amoureux de la fille d’un riche propriétaire terrien local dans un petit village perdu d’une vallée de l’Aragon autour des années 1930.

Jugé indigne de cette fille, il est écarté et ostracisé.

Pour se venger et pouvoir prétendre épouser cette fille, il se lance alors à corps perdu dans la contrebande dans l’espoir de gagner beaucoup d’argent.



Va-t-il parvenir à ses fins ?



Une très belle histoire, entre conte et roman réaliste et social, qui dépeint à merveille cette société pyrénéenne d’il y a 100 ans rude et inégalitaire.



A découvrir...

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Du givre sur les épaules

La couverture est vendeuse, le récit moins. Le décor est bien posé mais l'historie trop manichéenne, trop revue, trop faux-semblant de lutte des classes sous couvert d'un romantisme puritain qui n'a plus grand chose à faire au milieu de notre siècle. Un faux roman d'apprentissage, une fausse tragédie amoureuse, ça n'évade pas assez, même si, je le répète, le décor est bien choisi et pas assez narré en littérature contemporaine. Rouvrons donc un bon Stephan Sweig, lui-même a su être plus piquant et plus grisant.
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