Père nous avertissait dans sa première lettre , que nous reçûmes en 1993, que personne ne devait être mis au courant de cette correspondance.(...)
Plus d'une fois, Ziad et moi dûmes demander à notre mère de nous aider à déchiffrer un mot. Personne ne connaît mieux qu'elle l'écriture de Père.
Notre regard était si tendu que nous parvenions à peine à voir. Comme des silhouettes se déplaçant dans le brouillard. Et chacun de nous redoutait de perdre les autres. Mais le chagrin divise; il nous menait individuellement dans un territoire d'ombres intimes, où le tourment devient incommunicable, si affreusement exclu du langage. (p. 207)