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Citation de Adraste


Une fois de plus, la pauvreté et la maladie opposèrent des barrières à son génie. Il paraît invraisemblable, dans un pays où l'argent est aussi facilement gagné qu'aux États-Unis, qu'un homme de la culture de Lovecraft ne soit jamais arrivé à gagner plus de 15 dollars par semaine. Un laveur de vaisselle dans un restaurant en gagnait, à l'époque, 60 à 70 et ceci pour un travail bien moins pénible que celui de Lovecraft qui passait plus de 10 heures par jour à remettre en bon anglais des nouvelles et des romans destinés aux magazines américains. Plus d'une fois, ses amis essayèrent de lui faire gagner davantage en lui faisant directement écrire ces récits dont la trame est souvent simple. Les magazines américains de l'époque (c'était avant la télévision et la grande vogue des bandes dessinées) étaient spécialisés. Il y avait des magazines consacrés aux histoires de cow-boy, aux histoires d'amour, aux histoires policières, aux histoires de pompiers, aux histoires du Grand Nord, aux histoire de la jungle, etc. On fit essayer à Lovecraft tous ces genres. Chaque fois, les éditeurs durent lui renvoyer ses récits. Il s'agissait d’œuvres qui semblaient avoir été écrites par un martien. Dans un anglais parfait, l'auteur des récits révélait son ignorance des détails les plus normaux de la vie quotidienne. Il ne savait pas ce qu'était un homme, une femme, l'argent, le métro, un cheval, il ignorait même les réalités les plus fondamentales de la vie américaine : la situation (job), la position (standing), la nécessité du confort et du progrès matériel. Aux lettres étonnées des éditeurs, il répondit : « Je m'excuse, mais la pauvreté, le chagrin et l'exil m'ont fait sortir tout cela de la tête .»

(Jacques Bergier, Introduction)
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