Inattentif
La mort a commencé
au moment où les vacances d’été ont décru
et le panneau de la table a fleuri
comme ça, subitement
comme ça, vers moi seulement
vers mes grandes phalanges
vers moi, assez grande
elle a commencé avec des mains jointes
et des bancs vernis de lustre
mon père, les mains jointes, dormait
en faisant résonner doucement sa poitrine
la cavité thoracique épuisée
qui divisait en carrés le plafond dans les flammes de l’âtre
mes yeux écarquillés
et la cuirasse en or du falot
et il montrait une si grande résignation
d’oriflamme estropiée
de linceul des convois qui engourdissent
les malades rouillés de la voie ferrée
la petite fontaine limpide
sous la conferve
et dans le cimetière le terrain de football
la mort de la soirée, celle du matin
la mort de la journée…
dans son noyau sans présure
Fili se jetait à terre
chaque jour
en disant qu’il était mort
cesse de faire semblant, cesse de faire semblant
l’effroi s’épilait les sourcils avec une pince
avec mes lèvres bleuies
et dans son noyau de semoule cuite
Fili se redressait d’un air moqueur
Fili me traitait par-dessus la jambe
cesse de faire semblant, cesse de faire semblant…
dans une poussette de poupées, elle commençait
bonne et douce envers les boules du bois,
c’était toujours ainsi qu’elle commençait.
*
(traduit du roumain par Linda Maria Baros)