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Citation de Cannetille


Ils se mirent en quête d’une épicerie. Les Allemands faisaient leurs courses dans des magasins grands comme des entrepôts. Le chariot d’Oz et de Samuel était presque vide, ils étaient dépassés par tout ce choix. Voulant acheter de l’eau, ils prirent le mauvais pack. Le liquide était transparent, et seul un petit citron, sur l’étiquette, indiquait que ce n’était pas de l’eau. Oz repensa aux files d’attente qu’il avait commencées à cinq heures du matin en se demandant ce qu’il y aurait ce jour-là : avec un peu de chance, la denrée en question ne serait pas épuisée quand son tour viendrait. Il avait l’habitude d’aller d’une boutique à l’autre, seul espoir d’avoir une ration supplémentaire. Si on avait besoin de chaussures neuves, la vendeuse ne vous les cédait qu’en échange d’un autre objet.
Alors qu’ici on trouvait de tout. Toujours. La vendeuse du stand de viande, n’ayant plus de cervelas, se confondit en excuses au point qu’Oz faillit la consoler. Ici, on attendait que le feu soit vert pour traverser, même s’il n’y avait pas de voiture en vue. Certains sillonnaient la ville au pas de course et piétinaient aux croisements en attendant que la circulation leur permette de passer. Pour blaguer, Oz disait qu’ils avaient la Securitate aux fesses. Certaines familles avaient deux voitures, d’autres n’en avaient pas, elles prenaient leur vélo en pensant à l’environnement. Oz se l’expliquait ainsi : comme on ne manquait de rien, soit on possédait une chose, soit on y renonçait pour montrer qui on était ou qui on voulait être. Et, face à cette abondance, certaines choses devaient se faire simultanément : jogger avec une poussette, parler avec des invités tout en regardant la télévision. En revanche, personne ne restait assis devant sa maison. On ne passait pas chez les autres sans s’annoncer, on n’allait pas frapper chez eux simplement pour bavarder, sans avoir une bonne raison de le faire. On avait de tout en excès – sauf qu’on manquait de temps.
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