Il avait horreur d’emprunter des livres. Les livres, il fallait les posséder. Lire des livres empruntés, c’était comme faire l’amour en gardant ses habits : ça marchait sûrement, ça donnait du plaisir de temps à autre, mais ça n’avait rien à voir avec la possibilité de pouvoir embrasser et toucher le moindre recoin de peau. Ses livres à soi, on pouvait les souligner, en corner les pages, noter des idées dans leur marge, y glisser de petits mots, y laisser des traces de café ou de vin. Car en fin de compte, ce n’était pas pour rien que les livres avaient un corps.