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Citation de babel95


C'est quand elle se mit au cantonais par correspondance qu'Yvon la quitta. Jusque-là, son fiancé officiel avait supporté sans broncher toutes les étapes de sa japonisation. Bien sûr, il avait un peu grogné quand elle avait insisté pour qu'il porte des espèces de claquettes en bois à la maison. Une vraie saloperie ces godasses, un coup à se tordre la cheville sans pouvoir expliquer pourquoi. Ni au toubib ni aux copains. Mais Pam avait ouvert son kimono et Yvon avait cédé. Ses longs cheveux noirs et soyeux, la blancheur de son teint, la transparence presque irréelle du grain de sa peau lui donnaient le tournis. Et cette façon qu'elle avait de prendre soin de lui en massant sa nuque et ses pieds quand il rentrait le soir... Les choses avaient commencé à se gâter réellement avec la nourriture. Pam mettait un soin quasi obsessionnel à la préparation dans les règles de l'art des makis, sashimis et autres chirashis, surtout depuis qu'elle travaillait au Yakitori. Yvon ne supportait plus, mais alors plus du tout, cette bouffe pour tortue ninja. Arrivée à une encablure du point de non-retour, Pam eut l'intuition du désastre et cessa ses satanés sushis.
Le jour d'après, elle lui cuisina un tartare d'algues accompagné d'une sauce aigre-douce relevée d'une pointe de wasabi. Ce fut pire. Yvon commença à dîner dehors un soir sur deux et à rentrer de plus en plus tard pour s'achever au saké sur le canapé. Pour tromper une attente solitaire et douloureuse, Pam s'était donc mise au cantonais par correspondance. Ce fut le grain de riz qui fit déborder le vase. Le cantonais, c'est du chinois, et Yvon n'aimait pas qu'on le prenne pour un con.
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