À ce silence, tu auras ton donné ton silence qui,
dans ton absence, est encore ce que tu m’as laissé :
une approche d’une abrupte douceur,
quelque chose qui dit oui.
Lorsque je ferme les yeux,
la dernière impression ne me laisse
qu’une rue, un lampadaire
projetant sa lumière
sur les branches d’un érable dénudé,
à peine vibrant
avant le noir
pour retrouver la lune
tracée en soi.
Alors, dépouillé de ses origines,
mon regard se porte vers le ciel.
Au juste-été
sentiments trop vifs
aveugles
me font aimer haïr
et Je
est arrachement
puis retournement
Il appelle
le ciel du ciel
le soleil du soleil
l’arbre de l’arbre
au creux de l’écho
telle une blessure qui se mouille
eau de la plus douce eau
Souvenirs errant au milieu d’une trop grande vie
sous mes sens en éveil
j’étais sur mon seuil
Je marchais et j’attendais
Ne savais quel accueil donner
j’attendais tout en marchant
le temps de faire miens ces souvenirs
Nous veillerons
sans pensées, toutes images fuyantes,
nous serons cette nuit,
dessaisis du monde, étonnés
et dans une certitude tranquille tout à la fois,
nos corps bientôt comme lampes légères.
Tu me diras
et ce ne sera que silence
et ma pensée sera habitée
et mon souffle murmurant ce silence
Comme si je faisais encore
que commencer.
Comme si le caché de l’existence
devenait sa pleine dimension.
Le monde des choses a rétréci
non pas nos sentiments
Au lieu de nos rencontres
une lumière verticale
nous étreint
jusqu’à la transparence