Le vieux sultan ne négligea rien pour faire naître au sein du
peuple un attachement à la personne de Mansour. Si, comme
les nations occidentales, nous avions disposé de sondages
d’opinion, sans doute eût- il chaque mois scruté les progrès de
la popularité de son fils.
Les Occidentaux, je le sais, s’étonnent que nos gouverne-
ments, qui règnent par la force et la terreur, éprouvent le besoin
de se concilier leurs opinions publiques. À quoi bon ajouter
l’hypocrisie à la tyrannie ? Toutefois, si nous ne répugnons pas
à tuer ceux qui se soulèvent contre le régime, nous préférons
l’éviter. Le sang nuit toujours aux affaires, au tourisme et, plus
généralement, aux relations diplomatiques. C’est pour l’avoir
oublié que Mansour a tout perdu.