Je me rappelle aussi que j'avais voulu au cours de l'été donner quelque chose à Ueno pour lui témoigner mon affection et le remercier d'une foule de choses. J'ai fait un collage composé de fleurs sauvages, que j'avais cueillies et pressées entre les pages d'un livre, et d'un morceau d'écorce que j'avais ramassé au cours d'une de nos promenades et sur lequel j'ai écrit à l'encre de Chine avec un pinceau -je m'essayais, c'était rudimentaire, mais sincère et intense- les mots de ce chant qui remontait à mon enfance:
Les eaux sont calmes
le brouillard s'élève
parfois
j'apparais
Ueno s'était extasié avec une contenance parfaite. Et il a voulu en savoir davantage. Je lui ai dit que je croyais que c'était un chant chippewan que mon père récitait, je ne sais plus dans quelles circonstances.
Je ne peux m’astreindre à faire un roman cinématographique. Impossible. C’est plus fort que moi. L’écriture m’entraîne ailleurs.
Au fond, ce n’est pas mon personnage qui m’intéresse, mais sa pensée naturelle en action.
La tristesse est la condition ineffable de l’univers. Pourtant nous sommes appelés à être heureux. Nous sommes des êtres de joie. C’est là que réside la contradiction des apparences.
J’ai compris depuis qu’il y a une perfection dans la relation des êtres qui s’aiment. Elle relève du temps et des circonstances, et leur bonheur n’est pas attaché à une permanence.
L’objet de l’art n’est pas de représenter la nature, ou même de la symboliser, mais de faire apparaître la forme en la tirant du vide.
La prédestination, c’est ce qui arrive à ce qui suit son cours.