Il fréquentait la mère, mais il avait des vues sur la fille, qu'il enrobait à chaque fois qu’il la voyait de discours sur la peinture et sur l'ésotérisme. Je me souviens de ce détail. Richard Varenche s'intéressait à la mère à cause de la fille et sa femme était complice de ce jeu à trois, par la force des choses ; connaissant les goûts de son mari pour les filles très jeunes.
Je vis en gourmet des choses et des êtres et dans ce que je reçois d’amour plutôt que de me nourrir à pleines dents.
je suis de ceux qu'on exclut du systeme à cause d'une non-conformité, de ceux qui prentent à la fabrication des anomalies de l'invendable, du déclassé. c'est à cette caste qui ne dit pas son nom que j'appartiens. a celle du vagabond( mais y en a t il encore ? il faudrait en lacher comme on fait avec les lievres et les faisans en saison de chasse, parce que c'est une race en voie de disparition) du miséreux des rues, de l'indien qui gêne l'autre à cause de son apparence.
On les appelait les comprachicos. Pour être plus précis, des vendeurs d'enfants. Ces gens mettaient les enfants dans des jarres. Ils les faisaient grandir dedans. Et quand ils en avaient pris la forme, qu'ils étaient moulés par des années de vie dans la jarre, on les délivrait en la brisant. Ils étaient devenus des monstres. Puis on les vendait.
Puisque je suis capable d’aller au robinet pour rincer ma salade, de faire ma lessive dans un baquet avec mes mains qui brassent la matière, la rincent et la tordent, que je subviens aux charges domestiques, j’ai gagné sur l’impossible d’une telle acceptation par la volonté d’y suffire.
Quand on est parti, il tremblait. J’étais consentante, mais j'avais l'impression qu'il s'était trompé de rêve. Dès les premiers jours, j'avais envie de rentrer. Je ne croyais pas possible de vivre quoique ce soit avec un simulateur. En réalité, il se faisait croire des choses à lui-même, qu'il était incapable de vivre. Il croyait m'aimer, mais je n'étais pour lui qu'une image. Il ne voulait pas que je m'incarne. Il voulait uniquement faire vibrer ses fantasmes. Surtout, il ne voulait que je change de corps, que je devienne femme. C'est la fille qu'il aimait en moi, mais pas celle qui pouvait changer.
Ca fait des années, plus exactement des dizains d'années, presque une vie, que je pratique l'art de vivre au maximum avec le minimum et ces derniers temps j'ai intensifié la chose. Ce qui signifie que, quand j'ai entre mon pouce et mon index une pièce d'un euro, avec cette pièce en nickel ourlée de cuivre frappée de l'emblème du pays, j'en double la valeur ou je la multiplie par trois ou par cinq, voire par dix, selon les circonstances. je n'achète jamais au prix que coûte l'objet, jamais.
C'est un personnage ordinaire qui faisait du théâtre, avant d'avoir des crises de nerfs et des hallucinations, un théâtreux. Il a une voix d'eunuque et se donne des airs en riant comme un boucher. Il ressemble à un présentateur de cirque et ses gestes sont pleins de rondeurs. Il est adipeux et ce qu'il dit a quelque chose de gras qui colle à la pensée. Quand j'étais en fuite, je me suis souvent vu débouler chez lui pour lui mettre le canon d'un calibre sur le ventre.
C’est une femme comme je n'en ai connu aucune, mis à part Blanche Westwood, qui les dépassait toutes dans ce domaine, je veux dire dans le genre sangsue. Mais Laela Haadam est respectueuse de l'homme et de l'amour, tellement qu'on ne sait plus où on en est après, tu comprends ? Tu as aidé Blanche Westwood. Hein, tu l'as aidée. Tu lui as donné de l'argent, c'est ce que tu as fait.
Puisque je suis capable d’aller au robinet pour rincer ma salade, de faire ma lessive dans un baquet avec mes mains qui brassent la matière, la rincent et la tordent, que je subviens aux charges domestiques, j’ai gagné sur l’impossible d’une telle acceptation par la volonté d’y suffire.