Né à Moudon, en Suisse, en 1966, Jack Küpfer est un autodidacte des lettres. Très tôt il éprouve l’appel du large et devient marin pour la compagnie Suisse Atlantique, ce qui lui permet de se frotter à l’écorce du monde. Revenu sur la terre ferme, il exerce des métiers aussi divers que bûcheron, archiviste, maçon, journaliste, avant de devenir imprimeur. Cet amoureux des livres, grand cultivateur de paradoxes, est, selon Jean Orizet, « l’une des valeurs sûres de la nouvelle poésie de langue française ».
Enfant ma chambre échouée dans un érable
mes jeux de couleurs fraîches
ces années bues lentement
dans la paume des étoiles
Ma mère unique saison de l’enfance
mon père posé sur la branche cruciverbiste du
[fauteuil
et moi rêvant d’un verger pour nos coeurs
où les arbres bleuiraient au pollen des voiliers
Adolescence ― étreintes manquées ―
longs couloirs que creusaient les heures
mes mots en collage sur les murs du dégoût
Ceux qui sont incapables de voir
m'ont traité de voyou
moi perdu dans le songe ténu
d’un paradis perdu
Gamin aux cris abrupts
j'avais en moi la candeur nécessaire à l’idéal
Seul sous l’uppercut des vents
je m’inventais chaque jour des paradis noirs
où l’on me foutait la paix
Ce cinglé avait peint l’amour tourmenté, la Mer brûlante de passion. Comme si la Mer n’était rien d’autre que de l’amour intense, de l’amour physique et déchiré ; comme si l’amour pouvait être autre chose qu’un voilier dans les hautes vagues