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Citation de Partemps


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La jouissance de la Chose nommée « dieu », dont ce pullulement d’objets abjectés est
le dernier refuge, fait tout l’enjeu de son travail d’écriture, de sa guérison : il s’agit bien
de nommer l’innommable, ou plus exactement de l’inscrire à même la langue, d’y faire
passer la pulsation de cette jouissance. Ce qui exigera de briser la syntaxe, les articulations figées de la langue maternelle, pour lui imprimer ces « saccades », ces « trépidations épileptoïdes », ces « chutes brusques et sans fond » où résonne le battement d’une
scansion primordiale. De revenir en deçà du corps objectif, d’un corps pétrifié et morcelé par « l’épouvantable fractionnement » de sa « constitution organique », afin de
retrouver la force pulsionnelle, éruptive, du « corps vrai », de la chair vive d’avant le
corps. Sur cette tentative d’Artaud, la psychanalyse n’a pour l’instant rien à nous dire,
car ce travail d’écriture met ici en jeu la possibilité de réinscrire dans la langue cela
même – le réel du corps et de la jouissance, sans doute aussi la chair et le rythme – qui,
en bonne doctrine lacanienne, excède toute inscription dans l’ordre du signifiant.

1. « Quelque chose de moi s’est révolté contre moi et a voulu être pour son compte. Cela se tue (…), le crime, moi, je
le ferai contre ce quelque chose : Lucifer : Dieu » (XVII-33). Travail de guérison, qui peut également s’énoncer ainsi : « Un
jour j’eus assez de m’entendre dire : / Tu es dieu (…) / et je cessai de me distinguer de l’être qui crut me manger (…) / Moi,
Artaud, travaillé / à me débarrasser du mal » (XIV**-148-149).
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