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Citation de J-line


Les interventions et recherches à dynamique opératoire usuellement regroupées sous l’appellation ‘technosciences’ rencontrent l’humanitude comme la condition nécessaire de leur possibilité -mais cette rencontre de l’efficience et du pointillé matriciel (pointillé d’un individu néotène, d’un sujet libre, d’un génome manipulable) promet le déploiement (en réalisations multiples) de la potentialité aporétique attachée à une enclave organique perméable et à une maintenance identitaire inscrite dans le devenir. Potentialité associée tant à une intériorité se dépliant en extériorité (via une interface dermique -sensorielle) qu’à un monisme* substantiel s’exprimant dans la dualité –c.-à-d. par corps ou comme corps et par réalisations ou impulsions (matière sensible et pensée volitive susceptible d’opérativité).
Nous entendons en cela que l’extraction hors de la forclusion, hors de l’en-soi du soi, recèle une ouverture à l’autre (et à l’autre en/dans ‘soi’). Que l’émergence en dehors du substrat nature entraîne en ses déliances une échappée hors de la nature humaine telle que nous la connaissons -hors des bornes spécielles ou du fait humain conditionnel. Que l’homme porte en son être métabolique et relationnel, en sa conscience sensible et projective, en sa réalité situationnelle et en sa nature proprement autodéfinissante, la négation de tout Etat –advenu ou réalisé. Que son ouverture (à l’autre, au monde, à l’avenir), que sa béance essentielle (où peuvent s’inscrire de multiples possibles) et que sa contingence (où peuvent prendre place toutes les constructions de sens) portent une dimension aporétique : où pourrait exploser l’individuation, se dissoudre la conscience, se réduire le devenir, se détisser les réseaux symboliques et s’anéantir les sensibilités et les émotions. De fait, telle potentialité est désormais susceptible d’être actualisée car l’opérativité technique s’immisce dans les équilibres propres à un individu s’exprimant dans l’entre-deux du ‘donné’ imposé et de l’acquis conquis : et s’y immisce au profit d’une transgression des limites physiologiques, corporelles, spécielles et même catégorielles ou conceptuelles. Partant, les technosciences témoignent d’une rencontre incontournable opérée entre un homme entretenant un rapport mi-instrumental mi-symbolique au ‘monde’ (aux objets, aux autres et à lui-même) et des techniques créées à cette fin : rencontre rétroactive de l’individu et de ses outils, du sujet et de ses conceptualisations, de l’agent et de ses actes, du soi et de ses voies d’expression -un soi disposé, semble-t-il, à se résumer en centre décisionnel et force efficiente. Au final, l’homme produit un processus technique susceptible de l’extraire de cet ‘entre-deux’ du corps et de l’esprit qui le spécifie –entre-deux de la matière et de la matière qui se fuit, de la ponctualité et de la durée, de l’Etre et du devenir, des enracinements et des désengagements…
Nous tenterons de montrer que l’individu développe une tendance tant dispersive (de ‘soi’ en l’autre) que confusionnelle (de ‘soi’ et de l’autre) ; et que cette tendance témoigne d’un recul de l’entité corporelle référentielle en traduisant une programmation ouverte, un corps plus pensé que senti, une étance malléable, un ‘moi’ décisionnel, une puissance opératoire triomphante et une force volitive plus centrifuge que centripète.
Nous tenterons donc de démontrer que le sujet tend à délaisser sa réalité complexe et bipolaire au profit d’une expressivité, au profit d’un ‘Je’ délié de ses bases charnelles : d’un ‘Je’ arc-bouté contre son enracinement dans une entité d’expression duale et cependant unitaire –d’un ‘Je’ volitif et séquentiel, générateur de ruptures. Dès lors, nous soutiendrons que l’humanitude porte en elle son possible létal. Qu’elle concourt à la fin de notre humanité en produisant un domaine existentiel où s’esquisse une (auto)biographie de l’arrachement et de l’incarnation multiple. Où convergent les techniques, les projets sociaux et les aspirations individuelles. Et où l’on observe un rapprochement aventureux des possibles technoscientifiques et du fonds phantasmatique quand sciences et technosciences côtoient les lieux extrêmes d’une condition humaine articulée au précaire, aux situations limites et aux synthèses dialectiques du même et de l’autre (…).
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