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Citation de Partemps


COURTES RÉFLLEXIONS SUR LA PLACE DES PSYCHOTROPES FACE À LA SOUFFRANCE PSYCHIQUE

J’ai commencé ma formation en psychiatrie deux ou trois ans après la découverte du 4560RP, c’est-à-dire du largactil. On le distribuait alors à des doses massives.

J’ai vu ses nombreux effets secondaires, mais aussi diminuer, grâce à lui, l’usage des contentions, augmenter les possibilités de dialogue avec les patients, se développer, dans un univers jusque là ségrégatif et carcéral dominé par la peur du fou, la pratique des groupes d’activité et d’échanges, se multiplier les sorties d’essai puis les sorties définitives, apparaître la possibilité de soins ambulatoires intensifs et prolongés pour des états jusque là considérés comme relevant de l’internement. À quelques temps de là, j’ai assisté à l’arrivée des tricycliques qui ont, pour un temps au moins, remplacé les électrochocs pratiqués alors en série et en public, sans anesthésie, souvent de manière punitive, à la manière de Vol au dessus d’un nid de coucou.

On ne connaissait pas alors les effets mortifères à long terme des neuroleptiques.
Je dois ajouter qu’ayant consacré ensuite la plus grande partie de ma carrière publique à la pédopsychiatrie et ma modeste activité privée à des cures psychothérapiques ou psychanalytiques, je n’ai pas été un grand prescripteur de médicaments.
Je voudrais distinguer trois types d’utilisation des psychotropes.

1) Le psychotrope « aspirine ».
Comme tout le monde, je pense, il m’est arrivé dans ma vie de vivre de courts moments d’anxiété, comme il m’est arrivé d’avoir mal à la tête.
De même qu’à une aspirine, j’ai pu recourir très temporairement à une benzodiazépine et prescrire autour de moi, un inhibiteur de la recapture de la sérotonine dont on me dit aujourd’hui qu’il a essentiellement un effet placebo (une campagne anti-prozac qui vise sournoisement peut-être à favoriser le relancement de la kétamine ?). À moins de céder à un dolorisme fortement imprégné de traditions chrétiennes qui considère la souffrance comme nécessaire au développement de la personne, je ne vois pas, effet placebo ou non, pourquoi notre civilisation se priverait d’une aide qui, à condition d’être contrôlée et limitée, facilite la vie quotidienne.
La question de la prise en charge par la solidarité sociale de ce simple confort mérite toutefois d’être soulevée.
Les angoisses existentielles, un sentiment de deuil qui dépasse les capacités de tolérance habituelle d‘un sujet donné peuvent être en partie apaisées par la chimie, et les psychotropes à petites doses sont peut-être moins dangereux que l’alcool ou les stupéfiants, également efficaces.
Faut-il pour autant en demander le remboursement à la Sécurité Sociale ?
C’est un sujet à discuter.
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