Dans une lettre au ministre de l’Instruction publique, Serge Ouvarov, le panslaviste Nicolas Pogodine attira l’attention de son interlocuteur sur « Notre vieille et très célèbre principauté de Galitch » dont les habitants étaient de « purs Russes », nos « véritables frères » !
Il désignait un territoire plus restreint que l’effective Galicie du XIXe siècle, situé au sud-ouest de la Rous’ kiévienne qui avait vécu son apogée culturelle et économique dans la première moitié du xiiie siècle. Malgré la multiethnicité de la région, Pogodine y voyait un territoire russe, c’est-à-dire « grand-russe », terme qui devenait sous sa plume synonyme de « ruthène », désignation utilisée par l’administration autrichienne à l’égard des Ukrainiens.
Pour l’écrivain, il n’y avait donc pas de différence réelle entre les deux régions d’Europe orientale, une prétendue unité linguistique et le passé médiéval justifiant cette fusion.