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Citation de nadejda


On eût dit que, de ce Paris occupé, silencieux comme un cercueil, montaient des émanations irritantes. Toutes ces paroles que les gens retenaient parce qu’ils avaient peur devenaient des défis. Presque tous les garçons de mon âge étaient inquiets.
(…) Et notre inquiétude était plus complète que celle des adultes. Elle ne consistait pas à se demander qui gagnerait la guerre, et quand, s’il y aurait des restrictions alimentaires (du reste il y en aurait, elles commençaient déjà), si l’ennemi le plus dangereux était le nazisme ou le bolchevisme. Nous voulions apprendre à vivre. C’était bien plus grave. Et nous voulions apprendre très vite, parce que nous sentions que demain il serait sans doute trop tard. Il y avait des signes de mort sur terre et dans le ciel,de la frontière d’Espagne à celle de Russie. Pas même des signes, des actions de mort.
Cela grondait en nous, cela voulait sortir. Si nous n’étions pas fichus de fabriquer une meilleure vie que celle de nos aînés, l’orgie de sottise et de massacre allait continuer jusqu’à la fin du monde. Qu’ils se taisent, les gens, s’ils pouvaient vivre en se taisant ! Nous, nous ne pouvions pas. Quant à leur peur, elle ressemblait trop à de l’indécence : elle nous écoeurait.
Nous n’étions indulgents ni pour les philosophes, ni pour nos professeurs, ni pour nos familles. C’était mieux ainsi : il nous fallait de la force pour nous préparer.
p 148-149
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