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Critiques de Jacques Offenbach (1)
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Barkouf

Chaque fois que j'entends le mot « opéra », je frémis ; « opérette », c'est pire encore et Offenbach, n'en parlons pas. Vous voyez, je partais de très loin, sur ce coup-là...



Il aura fallu un étonnant concours de circonstances pour que je m'intéresse à ce Barkouf, qui fut créé un 24 décembre 1860 et représenté pour la dernière fois le 16 janvier 1861. Depuis lors, complètement abandonné, oublié, fossilisé, le Barkouk. Vous voyez, pas forcément le plus gros carton de Jacques Offenbach.



C'est l'Opéra National du Rhin qui a eu l'idée de le remonter en décembre de cette année. L'argument m'a paru tellement loufoque et en même temps tellement en phase avec l'époque que nous vivons et le mouvement des gilets jaunes que je ne résiste pas à l'envie de vous en glisser un petit mot.



L'histoire se déroule (officiellement) à Lahore au Pakistan, bien que je doute qu'un quelconque des auteurs ait réellement pris la peine de se renseigner sérieusement sur la vie à Lahore au Moyen-Âge. C'est à peu près aussi crédible qu'Iznogoud, mais bon, peu importe.



Il y a un Grand-Mogol, qui délègue localement son pouvoir à un Kaïmakan. Lequel Kaïmakan, depuis des temps immémoriaux est invariablement mauvais et se fait promptement destituer par le peuple à intervalles de plus en plus rapprochés (tiens, ça commence à me rappeler un scénario connu).



Suite à la dernière trucidation populaire, Bababeck, courtisan vil et sirupeux se verrait bien prendre la place vacante de Kaïmakan afin de s'en mettre à son tour plein les poches et de pouvoir faire tout ce que bon lui semblera.



Mais le Grand-Mogol est fâché de ces agitations à répétitions à Lahore et, plutôt que de nommer Bababeck, comme il l'eût très certainement fait auparavant, il décide, pour punir ce peuple décidément trop rebelle et non suffisamment enclin tant à l'obéissance qu'à l'acquittement de l'impôt, pour le punir, donc, le Grand-Mogol décide de mettre à sa tête… un chien !



Le chien, nommé Barkouf, aura pour Grand Vizir Bababeck, qui sera chargé de faire appliquer toutes ses décisions. L'ennui, évidemment, c'est que l'animal fout les jetons à tout le monde et qu'on le croit volontiers enragé tant il paraît peu commode.



Je vous fais grâce des quelques longues, lourdes digressions d'amours pesantes et autre gnangnanteries inhérentes à ce type de spectacles (et à Offenbach en particulier) mais sachez seulement que le Barkouf en question s'avère être un bien meilleur dirigeant que tous les humains qui l'avaient devancé jusqu'alors.



Qu'adviendra-t-il de lui, le bon chien Barkouf ? de sa première maîtresse et, accessoirement éminence grise, Maïma ? Qu'en pensera le Grand-Mogol à son retour ? Et le trouble Bababeck ? (J'imagine que vous vous fichez comme d'une guigne des nombreuses et ennuyeuses historiettes & amourettes mélo-dramatico-baragouino-chanto-casse-piettes qui pullulent au sein de cette opérette et vous avez bien raison.)



Au-delà de ça, de ce ton, de cette forme ô combien légère et désuète, une question est malgré tout posée. Finalement, on aurait presque l'impression d'assister sous nos yeux à la mise en scène d'un conte philosophique à la Voltaire, qui avec humour, qui avec plaisanterie, mais avec pertinence tout de même, nous interpelle : nos dirigeants sont-ils si nécessaires que cela ? Et si oui, nécessaires à qui ou à quoi ? Dans quel but ? le peuple ne serait-il pas susceptible de se prendre en main lui-même et de se gouverner par ses propres moyens au moins aussi bien voire mieux qu'il ne l'est actuellement ?



Voilà peut-être quelques unes des questions auxquelles se soumirent le 25 décembre 1860, certaines ou certains de ceux qui avaient assisté la veille à la première de Barbouk, qui sait ? Et nous autres, que devons-nous en penser, presque 150 ans plus tard jour pour jour ? Je n'en sais rien de rien et d'ailleurs, de tout cela comme du reste, continuons d'en sourire, de le prendre avec légèreté car ce n'est qu'un air vaporeux, une voix de fausset, c'est-à-dire pas grand-chose.
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