C'est un livre qui se lit page par page (il y a un chapitre par page), en prenant la page que l'on veut, sans que cela donne la sensation de rompre l'unité de l'ensemble, sans doute parce que l'auteur a considéré que c'était le moyen le plus pertinent de lire aujourd'hui un livre lorsqu'on est tout le temps dérangé. Et c'est vrai que l'on peut lire ce livre bout par bout sans que l'on ait l'impression de perdre quoi que ce soit au passage, comme si chaque page (chaque petit chapitre), à l'instar d'une miniature de Vermeer, était un îlot en soi, un monde complet, suffisant à lui-même, sans que l'on ait rien à ajouter. La prose quasi-hypnotique de l'auteur (comme quelqu'un qui vous parlerait à voix basse de façon monocorde en vous regardant dans les yeux à la manière d'une confidence), lequel nous explique la manière dont il voit le réel, ajoute à cette sensation lénifiante de rester toujours dans la même matière tout en faisant varier à chaque page les effets. Curieusement, ce type d'écriture me fait penser à ces peintures aborigènes australiennes, dont on ne sait objectivement ce qu'elles représentent, mais dont on perçoit un sens que l'on ne peut toutefois entrevoir que par la seule intuition.
Commenter  J’apprécie         20