Limite estivale de la banquise
Quand les cétacés viennent respirer à la surface de la mer, le souffle expulse vers le ciel un nuage d'embruns, des panaches chuintants, et l'on dirait souvent que l'eau palpite. C'était du moins mon impression durant toutes ces années où je naviguais dans l'Arctique. Jusqu'au soir où une vieille Eskimo, à la lueur d'une lampe à huile, me confia que ces fleurs vaporeuses, éclosent dans les champs de la mer, n'étaient pas des crachats mais
l'âme des baleines qui lévitait. (p.129)