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Citation de Babelcoyo


En ce temps-là, dans les petites villes comme Gretz, les Juifs vivaient à peu près comme bon leur semblait. Quelques fanatiques protestaient parfois contre cette promiscuité entre Juifs et catholiques, mais nulle mesure discriminatoire n'avait encore été promulguée et un banquier distingué comme Simon Hagarzi pouvait être reconnu comme un citoyen important, une notabilité de la ville. Sa belle maison était un lieu de réunions aimables que fréquentaient des bourgeois et même le seigneur en personne, qui venaient davantage deviser qu'emprunter de l'or.
Les Juifs étaient devenus prêteurs sur gages à la suite d'une différence d'interprétation de deux textes de la Bible par les chrétiens et par les Juifs. Les catholiques s'en tenaient à la lettre du strict commandement de l'Exode qui stipulait : « Si tu prêtes de l'argent à quelqu'un de mon peuple, au pauvre qui est avec toi, tu ne te comporteras pas à son égard comme un usurier : tu n'exigeras pas de lui des intérêts. » Les catholiques pensaient que cela signifiait qu'un chrétien - sous peine d'excommunication ou de mort - ne devait pas prêter de l'argent avec intérêts, et cette loi arrivait au moment précis où le commerce commençait à prendre de l'extension et où il devenait indispensable d'emprunter certaines sommes pour financer diverses entreprises. Que faire ? Les catholiques découvrirent alors que les Juifs, plus fidèles au Deutéronome qu'à l'Exode, s'en tenaient aux instructions de Moïse qui leur avait recommandé : « tu n'exigeras de ton frère aucun intérêt, ni pour de l'argent, ni pour des denrées, ni pour aucune chose que l'on prête à intérêt. Tu pourras exiger un intérêt de l'étranger. » Ainsi, à l'instigation des chrétiens, un curieux pacte avait été conclu : les chrétiens régneraient sur le monde mais les Juifs le financeraient. Ils eurent ainsi le monopole de la banque et il devint normal que même des cardinaux ou des évêques allassent emprunter aux Juifs, tout comme les marchands. De cette manière, des Juifs comme Simon Hagarzi de Gretz s'enrichirent.
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