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Citation de enkidu_


Deux « christianismes » radicalement différents se trouvent inscrits dans le Nouveau Testament. Le premier, essentiellement prôné par Paul, est devenu désormais la foi pratiquée par des milliards d’êtres humains. Le second, presque complètement oublié, a commencé à être marginalisé et étouffé par ce premier christianisme dès la fin du Ier siècle, au point qu’il faut une lecture très attentive des Évangiles pour retrouver sa trace. Jacques était sa figure de proue, le propre frère de Jésus, qui a conduit le nouveau mouvement religieux entre l’année 30 de notre ère et l’an 62, date à laquelle il a été brutalement assassiné. Ces deux versions du christianisme diffèrent aussi bien dans les valeurs défendues que dans la pratique religieuse.
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La difficulté de cette entreprise tient à l’influence envahissante que le « treizième apôtre » a exercée sur le texte même du Nouveau Testament. J’irais jusqu’à dire que ce dernier est, avant tout, l’héritage littéraire de Paul. Celui-ci est nommément l’auteur de treize des vingt-sept « livres » qui composent le Nouveau Testament. Les Actes des Apôtres constituent une défense et illustration de son rôle primordial. L’Évangile de Marc, le premier, a été écrit vers l’an 70, après la mort de Paul, et vise essentiellement à présenter la vie de Jésus à la lumière de son enseignement. Ce message a été repris par Matthieu et Luc. L’Évangile de Jean reflète lui aussi la conception paulinienne de Jésus, du moins sur le plan théologique. Ainsi, les thèses de Paul – Christ, le Fils de Dieu qui existait avant le monde, prenant une forme humaine pour mourir sur la croix en expiation des péchés de l’humanité, puis ressuscité dans sa gloire céleste – ont fini par constituer l’essence du crédo chrétien. En lisant le Nouveau Testament, on peut croire qu’il n’existe pas d’autre approche. Et pourtant, si l’on écoute bien, une voix différente, longtemps étouffée, s’élève de ces mêmes textes : celle de Jacques, l’écho de ce que son frère Jésus lui avait transmis.
(…)
Les théologiens chrétiens se sont montrés circonspects devant cette lettre pour deux raisons principales. La première, c’est que Jacques ne mentionne le nom de Jésus qu’à deux reprises, dans des remarques qui n’affectent pas le fond de sa démonstration et qui auraient pu être facilement supprimées (cf. Jacques, 1, 1 ; 2, 1). La seconde tient à l’absence de toutes références aux conceptions pauliniennes de Jésus en tant que Christ sauveur. Jacques va même jusqu’à s’opposer à la thèse de la « rédemption par la foi » prônée par Paul, et à réaffirmer la nature positive et durable de la Torah, du respect et de la mise en pratique des commandements sacrés. (pp. 269-270 & 279-280)
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